La récente série de verbalisations devant l’école privée Saint-Vincent, vendredi soir dernier, à Rennes, a suscité de vives réactions parmi les parents d’élèves. Certains se sont dits pris au dépourvu, alors qu’ils venaient simplement récupérer leur enfant, souvent en s’arrêtant brièvement. Pour beaucoup, cette opération a été perçue comme un excès de zèle. « Je voulais juste reprendre ma fille, avant de partir en week-end », confie un père de famille.

La politique de la ville est de lutter contre le stationnement anarchique. » Frédéric Jourdan.
Malgré la présence d’une bande jaune interdisant le stationnement devant l’établissement, nombre de parents continuent à se garer en double file ou à s’arrêter en pleine voie pour déposer ou reprendre leur enfant. Ils le font devant Saint-Vincent, mais devant d’autres écoles. « Ces comportements posent un réel souci, notamment pour les bus », explique Jérôme Jourdan, représentant FO de la police municipale. « La ligne C5 passe ici. Il suffit que deux voitures se soient arrêtées de part et d’autre de la rue pour que le bus ne puisse plus circuler. Dans ce cas, le Star nous appelle et nous intervenons. Mais ce n’est pas une initiative de la police. À ma connaissance, nous n’avions pas de consignes sur l’école. »
Représentant FO, Jérôme Jourdan réfute même toute idée de traque ciblée. « La police municipale ne note pas les plaques comme certains le croient. Il s’agit de procès-verbaux électroniques, réalisés via le smartphone, avec photo de l’infraction à l’appui. Ce n’est pas un relevé arbitraire, mais une procédure en bonne et due forme. A Saint-Vincent, la mairie a décidé de peindre des bandes jaunes devant l’établissement. Elle a fait le choix de ne pas créer de place pour faciliter la dépose des enfants. Le message est clair : à Rennes, il faut utiliser les transports en commun. On ne profite pas de sa voiture. »
Le secteur autour de Saint-Vincent n’offre aucune possibilité de stationnement réglementaire, un parent.
Cette ligne politique se démarque pourtant de celle adoptée dans d’autres villes. À Orvault, près de Nantes, la collectivité a mis en place un système de « Kiss and Go » : les parents peuvent déposer leur enfant en automobile dans une zone dédiée, balisée, avec présence d’agents municipaux aux heures de pointe. À Caen, les automobilistes peuvent stationner gratuitement quelques minutes à proximité des écoles grâce aux disques horaires. À Nantes, c’est toutefois le contraire. Certaines rues autour des établissements scolaires sont temporairement fermées à la circulation le matin et le soir, pour permettre un accès sécurisé à pied. Grenoble, Strasbourg ou encore Avignon ont aussi expérimenté des fermetures ponctuelles de rues et des réaménagements provisoires de l’espace public à l’heure des entrées et sorties de classe.
n’importe quelle personne qui constate du stationnement problématique peut appeler soit la police municipale, soit la fourrière et demander une intervention, Jérôme Jourdan.
Quelle est la meilleure solution ? À Rennes, les élus ont fait le choix de privilégier les mobilités douces et les transports en commun. Quitte à ce que cette situation se retourne même contre leurs propres agents municipaux dans certains quartiers. « Aujourd’hui, même les crèches, les maisons de retraite, les écoles, se retrouvent en zone de stationnement payant. Des fonctionnaires qui n’étaient pas concernés auparavant doivent maintenant payer ou risquent une amende. Certains se font verbaliser quotidiennement. Et quand on demande des places réservées pour ces personnels, la réponse est toujours la même : ils doivent prendre le bus. Circulez, il n’y a rien à voir ! Mais ce n’est pas envisageable pour tout le monde, en particulier pour ceux qui travaillent en horaires décalés ou sur plusieurs sites. »
Jérôme Jourdan le dit sans détour. « Les agents, les soignants, les enseignants, ce sont eux aussi qui font vivre le service public. Les contraindre comme n’importe quel automobiliste, sans solution dédiée, c’est nier leur mission. » Le débat est donc ouvert pour tous les Rennais. Et les amendes, une réponse peut-être bien trop sèche à une question pourtant bien réelle.