La photographe Bettina Rheims montre autre chose que la douleur des détenues françaises, lors de son exposition au Château de Vincennes. A défaut d’ouvrir des portes, elle ouvre un nouveau regard sur nos prisonnières françaises et bien sûr rennaises (Lu et Vaiata). Une réussite pour la photographe des stars…qui rend un peu de dignité à celles qui n’en ont parfois plus.
Encouragée par l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, la photographe Bettina Rheims a réalisé en 2014 une série de portraits de femmes incarcérées, intitulée « Détenues ». Par ces rencontres, volontaires, elle change notre regard sur la détention. Elle interroge la représentation et la reconstruction de la féminité dans les espaces de privation de liberté et d’enfermement. « J’ai tenté d’offrir aux détenues un moment hors des temps de détention », explique Bettina Rheims.
Au total, une cinquantaine de photographies sont exposées au château de Vincennes où l’installation photographique renouera avec le passé carcéral de ce monument et l’histoire des prisons pour femmes en France. « Le donjon de Vincennes servit dès le XVe siècle de prison d’Etat, et reçut notamment, jusqu’en 1784, des prisonnières politiques », explique la commissaire de l’exposition. « A la Révolution française, le pavillon du Roi devint à son tour – brièvement – un lieu d’incarcération destiné aux femmes dites de mauvaise vie. »
Pour réaliser cette exposition, Bettina Rheims a mis un an pour obtenir les autorisations nécessaires à la réalisation de son projet. Cinq centres ont répondu positivement à ses demandes : la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, les centres de détention de Roanne, Poitiers, Vivonne et la seule prison pour femmes de France : Rennes.
L’exposition a été pensée pour être mobile. Après son installation au château de Vincennes jusqu’au 30 avril, elle partira donc pour le château de Cadillac du 1er juin au 4 novembre 2018. Là encore, elle permettra de renouer avec l’histoire de cette ancienne demeure du premier duc d’Épernon, située à 40 min de Bordeaux, qui fut également transformée en prison pour femmes pendant 130 ans jusqu’en 1952. A quand une exposition à Rennes ?
Exposition au château de Vincennes jusqu’au 9 février au 30 avril 2018. Tarif : 9€ et 7€ Exposition au château de Cadillac du 1er juin au 4 novembre 2018. Tarif : 5€ et 6€. Le Centre des monuments nationaux proposera des visites guidées de l’exposition notamment à destination du jeune public et du public scolaire. Un ouvrage regroupant les photographies accompagnées d’un avant-propos de Robert Badinter et d’un texte de Nadeije Laneyrie-Dagen est édité dans la prestigieuse collection Blanche – grand format – par les éditions Gallimard.
Un chiffre : 4 % des détenus en France sont des femmes.
Le mode opératoire : Bettina Rheims a posé son studio mobile avec un même mode opératoire : un arrière-plan blanc, un tabouret, une source lumineuse venant de la droite et aucun élément de décor.
La phrase : « Elles ont tué, violé, volé, et elles sont en effet inexcusables ; n’empêche, la photographe nous les montre avec une puissance artistique que certains, à tort, ne soupçonnaient pas, » écrit Maurice Safran, dans le Magazine Littéraire.