Environ 300 000 euros de dégâts. C’est le lourd bilan matériel laissé par plusieurs jours d’occupation du campus de Villejean, en marge des manifestations contre les coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur. Tags sur les murs, rétroprojecteurs brisés, informatique dérobé… Face à l’ampleur des dégradations, la présidence de l’université a pris une décision radicale : la fermeture de Villejean pendant une semaine entière.
Si les cours reprennent ce lundi, les travaux de remise en état s’annoncent longs et coûteux. Mais cette décision de fermeture suscite une vive contestation, notamment de la part de l’Union Pirate (UP), principal syndicat. Dans un communiqué publié sur X, l’UP légitime l’occupation, votée en assemblée générale le 28 janvier dernier. « Les étudiants ainsi que le personnel mobilisé ont joint leurs forces pour faire de cet espace un lieu de vie alternative où se tenaient régulièrement des moments de formation (…). »
Mais le syndicat dénonce surtout le bouclage total du campus. « Il s’agissait dans les faits d’une mesure punitive de la direction qui empêche les étudiants d’accéder à des lieux annexes, comme la BU centrale. La présidence évoque 300 000 euros de réparations. Cette somme négligeable, au vu du budget de l’université, est largement surévaluée, car l’essentiel de ce calcul concerne le recouvrement des tags, qui n’excluent en aucun cas la tenue des cours. »
L’université aurait pu faire appel à la communauté universitaire pour aider à remettre en état les locaux, une solution proposée par l’Assemblée générale de Rennes 2. » UNion pirate.
Outre l’impact immédiat sur les infrastructures, le syndicat regrette un préjudice social et pédagogique causé par la fermeture du campus. « Cette mesure a été décidée de manière unilatérale, sans consultation des instances compétentes. Le passage des cours en distanciel va à l’encontre du principe d’égal accès aux études, car beaucoup d’étudiants ne possèdent pas les outils numériques nécessaires pour suivre les cours dans de bonnes conditions. »
Cette crise à Villejean s’inscrit dans un contexte national de tensions. « La récente adoption de la Loi de Finances 2025 est marquée par une réduction drastique des budgets de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle est tombée comme un couperet», indique le député de gauche Tristan Lahais sur X. « Dès lors, la mobilisation générale est tout à fait justifiée face à ces coupes budgétaires inacceptables qui sacrifient l’avenir de nos jeunes comme du pays. »
Cependant, l’élu dénonce fermement les dégradations commises sur le campus de Rennes 2. « Malheureusement, dans l’élan de contestation légitime, de graves débordements sont survenus à l’université, avec la mise à sac des locaux, en particulier dans le bâtiment B. Ces lourds dégâts ont conduit à la fermeture de l’établissement et à l’annulation des portes ouvertes, une décision de dernier recours prise la mort dans l’âme. Ces agissements sont manifestement le fait d’une frange minoritaire, dont il est probable qu’il ne s’agisse pas exclusivement d’étudiants. Par leur violence, ces quelques énergumènes sont les idiots utiles du gouvernement macroniste et de l’extrême droite, comme en témoigne la campagne en cours sur des canaux de Vincent Bolloré. »
Tristan Lahais appelle à recentrer la mobilisation sur l’essentiel : la lutte contre le démantèlement de l’enseignement supérieur. « L’université est fermée, les élèves et leurs familles sont inquiets, les enseignants et personnels sont dans le flou. Cela ne peut continuer ainsi. Il ne s’agit pas de faire taire le mouvement, mais celui-ci doit pouvoir se poursuivre dans le dialogue et le respect des lieux. C’est avec ce gouvernement illégitime que le rapport de force doit se mener. Sacrifier l’éducation, la transmission du savoir et la recherche pour ne surtout pas mettre à contribution les plus riches : c’est le paradoxe délirant auquel nous sommes confrontés. Nous ne pouvons nous y résigner. Alors, pour notre avenir et celui de nos jeunes, mobilisons-nous et participons à la journée nationale du 11 février prochain. »
Infos + : L’Espoir Rennais (Les Républicains) condamne fermement les dégradations intervenues estimées à 300,000.00 euros. Il demande au Président de l’Université de Rennes de sanctionner fermement les auteurs de ses actes inadmissibles. «Madame Appéré doit aussi prendre ses responsabilités pour punir les casseurs, c’est aux auteurs de payer pour la remise en état de leur université. De plus, ces actes doivent être inscrits à leurs casiers judiciaires avec interdiction de passer des examens. Plus largement nous souhaitons la dissolution par le ministère de l’intérieur des groupuscules d’extrême gauche qui sèment le chaos depuis des années à Rennes», explique Thomas Rousseau.