« On n’a pas de jardin ! », convient René dans sa tour à Maurepas. « Mais on se console comme on peut, en regardant au loin le parc des Gayeulles. » Comme lui, ils sont des milliers à être confinés dans leurs grands immeubles rennais. « Les journées sont déprimantes. Heureusement, il y a les réseaux sociaux, la télé et parfois la lecture. J’essaie de passer le temps comme je peux…dans mon petit appartement exigu », ajoute-t-il.
« La vie continue », ajoute Sana habitant au rez-de-chaussée d’un immeuble de dix étages dans les quartiers sud de Rennes. Régulièrement, la jeune femme regarde les informations et parle avec sa famille au Liban via Internet. « Chez moi, je fais la cuisine, du sport et j’en profite pour changer la décoration de l’appartement, trier les vêtements et faire le ménage. »
Comme ses amies, Sana s’inquiète pour sa santé. « Ai-je le coronavirus ? », s’interroge-t-elle, tous les matins en prenant une longue inspiration. « Dans quinze jours, je serai heureusement moins inquiète. » Comme les autres Français, elle reste chez elle avec son grand fils. « Je ne sors plus et je sauve des vies. Mais combien de personnes sont comme moi… Je pense beaucoup aux autres qui travaillent pour nous comme les médecins, les infirmiers, les aide-soignants, la police …qui sacrifient leur vie pour lutter contre cette pandémie. »
La solidarité au Blosne, c’est une réalité
Aux habitants qui sortent dehors, Sana donne un conseil. « Je les incite à apprendre une nouvelle langue ou encore à regarder des documentaires sur la peste 1720 et la grippe espagnole de 1918… au lieu de sortir se promener. » Même son de cloche chez Cindy. « Du haut de ma fenêtre du 10eétage, je vois beaucoup de familles qui ne respectent pas ce confinement. Elles pique-niquent en bas de nos tours sur le stade. Parfois, des voisins se permettent de faire la fête jusqu’à des heures tardives », rage-t-elle. « La police devrait venir faire quelques tours dans nos quartiers au lieu de patrouiller sur la Vilaine. »
De cette crise, Cindy en tire toutefois du positif ! « On tourne un peu en rond chez nous, surtout les enfants. Mais il y a un vrai élan de solidarité envers les personnes vulnérables », assure-t-elle. « Je fais de nombreuses courses pour mes voisines âgées quand je vais au supermarché. Beaucoup se rendent aussi disponibles pour garder les enfants. La solidarité au Blosne, c’est une réalité. Notre quartier, nous l’aimons. »