Le nouveau préfet de Bretagne, Philippe Gustin, a un style différent que son prédécesseur. Lors d’une conférence de presse, tenue à la préfecture de Rennes, ce 10 janvier 2024, il est apparu bien plus « va-t-en guerre » contre les trafiquants de stupéfiants. « Si nous ne luttons pas contre ces organisations criminelles, nous risquons de passer de l’autre côté du miroir. » En France et dans notre région, il veut se battre contre une « tentation hégémonique » des dealers, capables dans d’autres pays de menacer jusqu’à une famille royale (comme aux Pays-Bas).
42 % des détenus de la prison de Vézin-le-Coquet le sont pour du trafic de stupéfiants », confie le préfet Philippe Gustin.
Face à ce fléau, contre cette réalité qui perturbe la vie des « honnêtes citoyens », Philippe Gustin entend poursuivre la lutte dans les quartiers et partout en Ille-et-Vilaine. « Nous ne sommes pas dans le “peace en love”, assène-t-il. “Nous multiplierons les opérations coup de poing. Nous renforcerons notre travail contre les 32 points de deal, à Rennes (27), Saint-Malo, Fougères et ailleurs sur notre territoire.”
Contre cette “gangrène”, le préfet met en avant un moyen de répression : le porte-monnaie. “Saisir l’argent dans la poche des trafiquants est efficace.” Mais il le promet, il n’oubliera pas la prévention, encore moins la systématisation des amendes contre les consommateurs, les contrôles en marge des grands rassemblements festifs, le déploiement de la vidéosurveillance… “Mais ce n’est pas suffisant », admet-il. « Il faut une bonne articulation avec les services municipaux, les bailleurs sociaux et les chefs d’établissements pour reconquérir l’espace urbain.”
Arrivé depuis peu en Bretagne, Philippe Gustin entend préserver la capitale bretonne des règlements de comptes hebdomadaires comme à Nantes et Rouen. Il pourra s’appuyer sur le nouveau directeur interdépartemental de la police nationale, Yannick Blouin et le patron des gendarmes d’Ille-et-Vilaine, le colonel Nicolas Bénévent. Tous deux ont promis de harceler les trafiquants par un travail de longue haleine d’identification, de surveillance, de visibilité et de présence sur le terrain (notamment avec la CRS 82). Leur lutte n’est pas anodine. Sur l’ensemble de la circonscription rennaise, les trafiquants gagnent entre 50 à 70 000 euros par jour.
Infos + : Il y a dix ans, la France était classée numéro une en Europe chez les adolescents pour la consommation. Aujourd’hui, nous sommes onzièmes », explique le préfet. « Mais nous devons poursuivre notre travail. »