L’exposition temporaire est l’occasion de découvrir de nouveaux artistes. Encore une fois, le Musée des Beaux-Arts de Rennes ne déroge pas à la règle. Il propose de dévoiler le talent de Gérard Zlotykamien dans un accrochage intitulé Tout va disparaître. Entre ses quatre murs, il invite le père fondateur d’un art urbain contemporain. Il présente un exemple indépassable pour les street-artistes.
Déjà exposé à la Fondation Cartier en 2009 avec Né dans la rue — Graffiti, Zloty est un passe-muraille. Il graffe pour transpercer les mystères de l’existence. Il peint le dehors pour percer le dedans. Il est dans l’art fugitif… comme pour conjurer le sort de sa famille juive détenue dans les camps de concentration et de bien d’autres, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Plus jeune prisonnier de France, Gérard Zlotykamien s’en est sorti avec une simple bombe aérosol. Il a employé cette arme artistique pour imposer au monde ses éphémères, ses figures entre vie et mort, ses silhouettes fantomatiques, son trait ! Improvisateur de génie, il fut l’un des premiers « graffeurs » à être condamné pour dégradations en 1977. Mais comment lui en vouloir ? Lui qui dira un jour aux juges allemands, après avoir peint 70 murs dans la ville d’Ulm : « J’effacerai mes œuvres quand ils me rendront les miens. »
Fils spirituel d’Yves Klein (avec qu’il partage l’amour du judo), Gérard Zlotykamien a réussi à figurer dans l’histoire de l’art urbain. Il a su imposer ses visages invisibles. Il a rendu visibles ses souffrances et, peut-être, plus vivants les morts du génocide. Exposition jusqu’au 07 janvier 2024. Du mardi au dimanche : 10 h à 18 h. Fermé lundi et jours fériés. Musée des beaux-arts de Rennes : 20, quai Émile Zola 35000 Rennes mba.rennes.fr