Claire Pascale regarde la photo de son compagnon Philippe (ancien chanteur de Marquis de Sade, trop tôt disparu). Le moment est chargé d’émotions. À la fin des années 1970 et début des années 1980, son homme était l’égérie de la new wave française et rennaise. Il était devenu une légende de la musique photographiée par Pierre René-Worms qui présentait son œuvre la semaine dernière sur les murs du Jeu de Paume (rue de la Cité).
Surgissant du passé, ces figures emblématiques ont revécu le temps d’une expo. Elles ont bercé nos réminiscences au rythme d’un tempo saccadé et nous ont invités à « pogoter » ardemment dans la vieille salle de la Cité. Mais convenons-en aisément, deux petits jours étaient loin d’être suffisants pour apprécier l’accrochage ! «Ce fut un vrai plaisir de découvrir (ou redécouvrir) ces hommes et femmes qui ont été nos stars au siècle dernier », explique une jeune femme. « En revanche, je n’ai pas eu le temps de prévenir mes amis. C’est vraiment dommage. Ils auraient peut-être désiré voir le travail de Worms.»
Dans cette période charnière de l’histoire de la musique du punk rock à la new wave, le photographe a su mieux que personne traduire toute l’esthétique et l’énergie des Daho, Rita Mitsouko, U2, Nina Hagen, des Joy Division ou encore Taxi Girl. Travaillant pour les magazines « Actuel » et « Rock & Folk », Pierre René-Worms fut le témoin privilégié de cette histoire musicale. « Son Canon A1 en bandoulière, ses objectifs dans ses poches, ce sportif trapu, flegmatique, boule d’énergie calme, en polo Lacoste par tous les temps, jouait des coudes pour se mettre aux premiers rangs », explique l’association organisatrice. « Les clichés de Pierre sont aussi éloquentes que lui est peu bavard. Les revoir aujourd’hui ne nous rend pas nostalgiques, mais nous replonge dans le bain d’une époque dont la fraîcheur et la simplicité nous manquent, parfois, cruellement. » À quand une grande expo sur le rock rennais !
