Les joggeurs du dimanche ne le voient pas, ceux du samedi non plus ! Mais lui s’en moque. Sébastien (il ne veut pas être pris en photo) est heureux sous son pont Malakoff, le long de la Vilaine. Il pêche avec trois cannes, trois lancers et une gaule dès six heures du matin. « Je n’ai pas le droit à plus d’engins », assure le Rennais. « Je risquerai d’être sanctionné par la Fédération des pêcheurs. »
Mais qu’importe le matériel ! Sébastien a le don pour attraper du sandre, du brochet, de l’anguille et de la perche avec ses « vifs » (ses appâts). « J’achète ces derniers dans un magasin spécialisé », confie-t-il. « Ce sont des petits poissons (goujons, brèmes…). » Bien que sa technique soit passée de mode, il n’en a cure. Son coup de main lui permet d’effectuer de belles prises. Samedi dernier, il a réussi à remonter à la surface un brochet de 98 cm et un silure de 60 cm. Mais aujourd’hui, il est loin de sa capture exceptionnelle : un silure de deux mètres. « Je l’ai dégoté non loin du centre commercial Leclerc, derrière le Stade Rennais. »
Passant toute la journée sous son pont, le jeune homme, vêtu bien souvent en tenue de camouflage, se refuse à pêcher de la carpe. Comme il se refuse de ramener chez lui ses poissons, à l’exception de quelques-uns pour ses proches. « Je suis un adepte de no kill (pas de mort) », martèle-t-il. Sébastien a trouvé son petit coin de paradis, loin de la furie sportive des joggeurs, des petites barques, des récentes habitations et des aménagements des berges de la ville.