Après la libération de Saint-Malo, la ville dévastée et les ruines encore fumantes laissent présager du travail. Elle doit reconstruire 2000 logements et près 300 000 m2 de plancher. Seulement, 78 immeubles datant du XVIe au XVIIIe siècles et les remparts sont sauvegardés de la folie de la Seconde Guerre mondiale.
Presque à l’identique
En septembre 1944, les déblaiements commencent dans la vieille ville. 750 000 tonnes sont évacuées par des chariots et des chevaux. Confié à un certain Marc Brillaud de Laujardière (1889-1973), le plan d’urbanisme prévoit de rebâtir à l’identique Saint-Malo. Il est voté par le conseil municipal présidé par René Delannoy le 12 février 1946.
La cité corsaire est un cas unique. Sa réhabilitation fut prise en charge par l’État au travers du MRU (ministère de la reconstruction et de l’urbanisme) et ses architectes en chef. Elle respecte le tracé de la plupart des rues anciennes, mais elle crée de nouveaux îlots fonciers. En 1947, Louis Arretche remplace Marc Brillaud et fixe la hauteur définitive des immeubles d’intra-muros.
La reconstruction comprend 20 % des vestiges, 10 % de reconstitution semblable et 70 % d’édifices inspirés du style ancien. Mais on doit en grande partie son succès au maire et député Guy La Chambre, à la tête de l’association syndicale de reconstruction. Celui-ci fervent défenseur des techniques des plus contemporaines et accélérateur des démarches de financement.
Le 26 janvier 1947, la première pierre du nouveau Saint–Malo est posée en présence du maire de l’époque René Delannoy, du général Vannier, ambassadeur du Canada et de Jules Moch, ministre des Travaux. On la voit sur la façade d’un immeuble collectif d’État, au n° 9 de la rue d’Estrées. Une plaque commémorative y a été scellée en 1997 par la société d’histoire. Pour l’anecdote, la cathédrale de Saint-Vincent a fait l’objet d’une restauration difficile qui s’est achevée en 1973 !
Première pierre, rue d’Estrée, intra-muros. Pour s’y rendre : arrêt intra-muros. Voir à côté : la plage du Môle est très abritée. Elle est l’endroit préféré des vieux Malouins.