Le sud du département a connu des rassemblements de « teufers » depuis la fin de la crise sanitaire. Face à ce phénomène (spécifique à notre terre bretonne), le préfet d’Ille-et-Vilaine, Emmanuel Berthier, a organisé ce jeudi 6 octobre 2022 une réunion. Il y a invité différents maires de la région et des programmateurs, dans les locaux de la préfecture de Rennes.
Une rotation des lieux
Rien d’officiel n’en est sorti sur le papier si ce n’est que tous les protagonistes se sont rassemblés autour d’une table ! Maire de Bovel (huit raves en moyenne par année), José Mercier a toutefois plaidé en faveur d’une « charte de bonne conduite » entre les fêtards et les élus. Ce document permettrait d’envisager une rotation des différents lieux d’attroupements et de négocier éventuellement l’intensité sonore. « Au lieu de nous retrouver avec six ou sept raves-partys sur une même commune, nous pourrions cibler une cinquantaine de sites sur le département. Chaque collectivité serait uniquement impactée une fois dans l’année. Pour une population, cela serait tout à fait acceptable. Car même en cas de soirée illégale, nous serions prévenus ! »
José Mercier a tenu à rapporter l’exaspération des habitants de sa commune. « Des raves, de trois à cinq jours, cela devient insupportable ! »
Lui, comme beaucoup de maires, veut éviter le drame, le durcissement de l’État (tenu à faire respecter la loi). Il en appelle chacun à la responsabilité. « À un moment donné, ces teufeurs doivent faire un effort s’ils souhaitent continuer à pratiquer leur fête, tout en étant acceptés par les populations. Je ne suis pas opposé à leur mouvement. Mais parfois, ils doivent tenir compte des spécificités locales ou écologiques. Dans un espace boisé, comme à Bovel, les chevreuils mettent bas. Y organiser une rave-party, ce n’est pas toujours une très bonne idée. C’est même catastrophique ! »
Loin d’être hostiles à une juste répartition des sites, certains teufeurs admettent le principe. « Nous le demandons depuis plusieurs années, » assure Pierre. « Nous voulons dialoguer et trouver des terrains qui peuvent être mis à notre disposition. Malheureusement, ce n’est pas souvent très entendu ! » En revanche, les jeunes et les moins ne veulent pas être les dindons de la farce. Ils ne désirent pas se retrouver dans une situation où ils accepteraient de prévenir les autorités et… se voir refuser l’accès de la zone ! « Tout le monde doit jouer le jeu. »
Mais cette juste répartition est-elle envisageable ? « Nous ne connaissons pas nous même tous les organisateurs. Nous orchestrons chacun de nos côtés nos fêtes. Le message ne va pas être forcément reçu par tous ! », explique un autre organisateur. « Les pratiques évoluent parfois géographiquement en raison de la position d’un maire ou encore d’une gendarmerie. Mais s’il n’y a pas de sanctions, si le système de rotation est respecté, c’est évident que cela se fera tout doucement et rentrera dans les mœurs. Il faut étudier différentes solutions et les tester », indique Paul.
Nous ne voulons pas de grenades contre nos sourires »
À les entendre, les fêtards veulent apaiser les choses. « Historiquement, on essaie d’instaurer un dialogue avec les forces de l’ordre. Nous sommes d’accord avec les contrôles d’alcoolémie et de stupéfiants. Mais récemment, les militaires n’ont pas fait uniquement des tests. Ils ont fouillé des gens pour dénicher de la drogue. Ce n’est pas le rôle de la gendarmerie, lors d’une fête. Bien au contraire, ils doivent être là pour la sécurité routière. » Les « teufers » espèrent bientôt une prochaine réunion. « Nous voulons participer aux débats et trouver tous ensemble des solutions. Nous avons en tout cas envie ! »