Ce week-end, c’est la 35e fête du livre à Bécherel. Encore une fois, la manifestation attire du monde — beaucoup de monde. « C’est sympa comme village », explique une touriste. « On dirait Locronan ! » Sauf que Locronan ressemble plus au Mont-Saint-Michel du Finistère qu’à la cité du livre…Bécherel, c’est tout autre chose. Elle sait organiser des libations littéraires où l’on croise le vieux « facho » à la recherche d’un roman oublié de Drieu La Rochelle et le « coco » fouillant dans les essais de Merleau-Ponty.
Dans ce village de granit, les librairies sont ouvertes toute la journée. Dans ce village perché, les animations sont nombreuses. Mais au-delà du visible, c’est l’invisible qui prime dans les petites ruelles pavées. Devant chaque bouquiniste, chacun a son secret. Chacun cherche son bonheur littéraire : un poème de Mac Orlan, un inédit de Blondin, une biographie de Sartre, un bouquin sur Rennes.
Et puis il y a les Postillons. Quatre personnages sortis d’un autre monde, postiers sans poste, comédiens sans scène, qui proposent une performance entre lecture publique et théâtre de rue. Leur agence des courriers perdus accueille les passants de tout âge, avec cette mission étrange : lire les missives égarées pour retrouver leurs destinataires. Les lettres, déclamées à voix haute, deviennent prétextes à digressions. Ça parle d’amour, d’attente, de vies cabossées ou ordinaires.
Jusqu’à lundi 21 avril, Bécherel continue d’ouvrir ses livres comme on entrouvre des portes des librairies. Gratuit. Pour tous. Infos sur le site suivant.