C’est un serpent de mer ! Depuis de nombreuses années, les autorités jersiaises évoquent la construction d’un ouvrage entre la France et leur île. Ce sujet est à nouveau à l’agenda d’après le journal Jersey Evening Post et dans de nombreux journaux britanniques. « Si un tel projet était entrepris, explique le ministre du Développement économique, Kirsten Morel, il devrait faire l’objet d’une analyse coûts-avantages avec le gouvernement français pour évaluer son intérêt et sa viabilité. Une liaison routière entre l’île et la France — pour un coût potentiel de plus d’un milliard de livres sterling — a déjà été initialement défendue par l’ancien dirigeant de la Chambre de commerce de Jersey, Peter Walsh. Ce dernier est même allé jusqu’à envoyer sa proposition à l’ex-président français Nicolas Sarkozy, mais le plan n’a finalement jamais vu le jour. »
Ce projet est toutefois loin d’être abandonné. « Une connexion fixe pourrait créer du travail dans notre archipel et modifier fondamentalement notre économie», rapporte un récent document publié dans le cadre de la politique de développement durable de Jersey. « Améliorer nos relations avec nos voisins peut élargir les marchés, éliminer des barrières naturelles et bonifier le tourisme. Aujourd’hui, nous nous appuyons principalement sur les liaisons de transport avec le Royaume-Uni par voie maritime et aérienne, mais il existe sans doute des opportunités avec la France », rapporte le document.
« Pour moi, il ne fait aucun doute que Jersey a besoin de plus de connectivité avec la France », ajoute le député Morel dans le même journal. « C’est un projet très complexe et de grande envergure, mais je pense que nous devons l’examiner. » Un avis partagé par le fondateur de Leadership Jersey, Kevin Keen. « Une liaison fixe avec la France mérite une réflexion sérieuse. Des constructions ont été exécutées partout dans le monde. Pourquoi ne pourrions-nous pas envisager de le faire ici ? »
Jusqu’ici, l’idée était d’édifier un pont (l’un des plus grands de de la planète) de 25 kilomètres, pour relier Jersey à Barneville-Carteret dans la Manche. Mais depuis une rencontre entre les ministres des îles britanniques et les parlementaires français, le tunnel semblerait tenir la corde ! Il permettrait de faire voyager des travailleurs français plus facilement que les ferries. « Je suis ni contre, ni pour, » explique le député LR manchois, Philippe Gosselin, président du groupe d’études sur l’archipel anglo-normand sur France 3. Mais lui opterait pour un ouvrage entre Granville et Jersey.
En tout cas, l’idée commence à faire son chemin. « Elle ne suscite plus les moqueries. Depuis quelques semaines, toutes les conversations ne tournent qu’autour du projet de tunnel sous-marin destiné à relier Guernesey à Jersey, puis à la France à l’horizon 2040. Début mars, les CCI des deux îles ont organisé une réunion avec des ingénieurs scandinaves», rappelait récemment le journal Le Monde. À l’initiative de cette rencontre, un certain Martyn Dorey, directeur d’une société financière de Guernesey et président de l’association Connect 3 Million, militant pour le rapprochement entre le continent et les îles. D’après le grand quotidien français, Murray Norton, le patron de la chambre de commerce de Jersey, aurait même été convaincu par les arguments des experts nordiques. Les Norvégiens s’appuyent notamment sur les exemples de succès « de tunnels, dans les îles Féroé, tant sur le plan économique que pour les communautés desservies », explique-t-il. Les Bretons participeront-ils au débat ? Pour aller plus loin, c’est ici, et encore ici.