Un matériel innovant et performant va circuler sur la ligne b du métro. Mais visiblement comme nous l’énoncions dans notre récent article, il n’est pas encore tout à fait au point ! Résultat, l’ouverture du « Subway rennais » prévue en décembre 2020, puis au printemps 2021, puis à l’été 2021 pourrait avoir finalement lieu à la fin mai 2022 (soit pile-poil pour les 20 ans de la ligne a). « Les solutions en cours de développement amènent à envisager une date de mise en service commercial de la ligne b entre la fin avril et la fin mai 2022 », assure un communiqué de presse de la Rennes Métropole.
La ligne a ne disposait pas du même niveau d’innovation : le système Val était déjà exploité depuis 1983 à Lille puis à la fin des années 90 à Toulouse.
En choisissant le Cityval, Rennes Métropole a joué avec le feu. Elle a opté pour le clinquant, le tout beau et le tout nouveau au lieu d’assurer la sécurité et de choisir un matériel déjà testé sur la ligne a. « Ce matériel innovant, plus performant et disposant de nouvelles fonctionnalités pour les usagers, nécessite des mises au point d’autant plus importantes qu’elles n’ont jamais été éprouvées ailleurs en conditions réelles », assure la métropole. Mais bon, notre bonne agglomération pourra dire dans les dîners mondains : nous avons été les précurseurs du métro de Bangkok et de Francfort. Maigre consolation…
Comment a-t-on pu en arriver là ? La crise sanitaire a bon dos. Elle a troublé quelque peu l’organisation de Siemens (concepteur du métro) et enclenché des problèmes d’approvisionnement de composants électroniques pour les rames. Mais d’après la maire de Rennes, Nathalie Appéré (cité par Ouest-France), le fabriquant aurait sous-estimé la mise au point de cette nouvelle génération de matériel. Dont acte.
C’est bien de vouloir de l’innovant. Mais encore fallait-il nous annoncer les éventuels retards ! » Yves, Rennais.
Obligé d’avaler des « couleuvres » devant la presse triée sur le volet, le directeur de Siemens Laurent Bouyer est dans son rôle de coupable idéal. Mais ce n’est pas si simple ! « Dans ce genre de dossier, explique un ingénieur, les grands groupes prennent leur précaution. Ils limitent contractuellement leurs indemnités de retard dans le temps. Ils connaissent leurs risques. En l’occurence, ici, ce qui importe sans doute le constructeur, c’est de vendre leur métro à d’autres agglomérations dans le monde et si possible fiable. »
Mais arrêtons-là les polémiques pour donner quelques infos ! Depuis le mois de janvier 2021, des ajustements sont pratiqués sur les machines. « Pour nous, la force et l’attractivité de la ligne A est la fiabilité du système, nous voulons atteindre le même objectif pour la ligne B, ce qui nécessite que l’ensemble des ajustements techniques soient réalisés », a expliqué Nathalie Appéré, dans les colonnes du Télégramme. Au moment de la mise en service, la fréquence de passage des rames sur la ligne b sera comprise entre 2 minutes 45 secondes et 3 minutes 15 secondes. Elle s’améliorera au fur et à mesure pour se rapprocher des 2 minutes 30. Le niveau de confort prévu dans le contrat sera atteint. « Ce planning reste évidemment soumis à certains aléas et incertitudes. la situation sanitaire, dont l’évolution reste à ce jour très incertaine, peut impacter le bon déroulement des derniers essais et des ultimes mises au point. Par ailleurs, si des derniers réglages s’avèrent nécessaires, la mise en oeuvre des solutions, essentiellement numériques, sur l’ensemble du parc, peut nécessiter des délais supplémentaires. » En clair, rien n’est certain…
Info + : Le projet de la ligne b du métro de Rennes Métropole, engagé il y a 20 ans, représente un budget de plus d’un milliard d’euros (1,342 Md€). Son plan de financement comprend : 20 % de subventions, 40 % d’autofinancement et 40 % d’emprunts. En revanche, on ne connait pas le montant des indemnités de retard payées par Siemens.