Le 13 novembre dernier a marqué une étape clé pour le site Stellantis de Rennes-La Janais : les équipes ont assemblé la première CR3, le nom de code du futur C-SUV électrique de Citroën. Une nouvelle accueillie avec enthousiasme, et annoncée en personne par Carlos Tavares, PDG de Stellantis, lors de sa visite, à Rennes, ce 18 novembre.
La plateforme STLA Medium, au cœur de l’innovation
Ce lancement symbolique s’inscrit dans un programme industriel ambitieux et hautement confidentiel. Pendant plusieurs mois, chaque véhicule produit individuellement permettra de former les troupes et de valider les processus industriels, en vue d’un démarrage réussi de ce modèle phare. Avec la CR3, Rennes devient le quatrième site du groupe Stellantis à accueillir la plateforme multiénergies STLA Medium, après Sochaux, Eisenach et Melfi. Cette technologie de pointe permet la production de véhicules thermiques, hybrides et électriques, avec des performances d’autonomie qui se veulent particulièrement compétitives.
Pour concrétiser ce projet, Stellantis a investi 160 millions d’euros dans le site breton. Parmi les réalisations phares figure un nouvel atelier de ferrage, salué comme l’un des plus performants d’Europe. « Ce nouvel atelier permettra la mise en place automatique des portes avant et arrière sur la caisse du véhicule, une première dans notre outil industriel français. Cette modernité bretonne est déjà testée sur l’actuel ferrage C5 Aircross », souligne Stellantis dans un communiqué. Cet atelier comprend des avancées technologiques remarquables, comme trois systèmes de contrôle laser utilisant l’intelligence artificielle pour garantir une qualité optimale et une réactivité accrue. Une autre innovation notable : 65 % des robots employés dans ce nouvel espace sont reconditionnés, grâce au recours au « Carry Over », une démarche qui maximise les investissements.
En parallèle, le site continue de rationaliser ses infrastructures. Depuis 2015, les surfaces exploitées ont été réduites de moitié, passant à 140 hectares avec un objectif final de 100 hectares. Ces espaces libérés sont réutilisés pour de nouvelles activités, en cohérence avec la dynamique économique locale. Stellantis met aujourd’hui un point d’honneur à anticiper les défis de la transition énergétique. Désormais, tous les sites français d’assemblage du groupe produisent au moins un véhicule électrique. À Rennes, cette transformation est réalisée en concertation avec les syndicats et accompagnée de plans de formation ambitieux.
Une organisation temporaire en 2025
Actuellement, le site de Rennes emploie 2 000 salariés. À partir de janvier 2025, une organisation de production en une seule équipe sera temporairement mise en place. L’objectif est de revenir à une fabrication en deux groupes dès le lancement de la CR3, prévu pour le second semestre 2025. Lors de sa visite, Carlos Tavares a été interpellé par Didier Picard, représentant de la CFE-CGC, sur les enjeux à long terme. « Il est urgent d’embaucher et de renouveler les générations pour assurer la transmission des compétences, car la communauté de travail à cheveux gris devient dangereusement une usine à cheveux blancs », a-t-il alerté avant d’ajouter. « Les fluctuations du marché rendent notre usine et la filière bretonne trop sensibles aux variations de volumes d’un seul projet de voiture. Il faut aller plus loin dans la décarbonation du site et investir pour un avenir durable, comme le traitement de l’eau ou la modernisation de l’atelier peinture. » Avec cet investissement massif et ces transformations ambitieuses, La Janais renforce son positionnement stratégique dans le paysage industriel européen, tout en répondant aux défis de la mobilité de demain. Voir la réaction de la CFDT.