A Rennes, où sont nos vieux ? Pas ceux qui ont cinquante ans ou soixante ans…Ceux qui ont soixante-dix ans et plus. Nous avons beau nous promener dans le centre ville et prendre les transports en commun. Nous n’en voyons plus. Ils se sont envolés, volatilisés, éliminés. Ils ont disparu de la circulation. Ils se sont éclipsés pour laisser place à une armée de jeunes étudiants, de jeunes couples, de quarantenaires actifs. Bref, ils ont laissé la place à une ville jeune, à une ville dynamique, à une ville tournée vers l’avenir.
Mais où sont-ils ? Ils sont dans les maisons de retraite à jouer aux lotos. Ils sont cachés derrière les comptoirs des PMU. Ils sont au marché de Sainte-Thérèse et se promènent au Thabor, tôt le matin. Ils sont souvent au Stade Rennais et parfois dans des maisons cossues de la côte d’Emeraude. Mais dans la ville, ils rasent les murs. Ils sont esseulés dans les cafés. Tout juste si on ne les pointe pas du doigt. « Tiens, un vieux. » Heureusement, quelques-un font de la résistance. Mon copain du matin au café du coin. Mon vendeur de fleurs rue Vasselot et quelques olibrius ici où là qui toisent nos jeunes. « C’est ma ville, mon gars. J’étais là avant toi ! »
Jadis, les petits vieux étaient nos voisins. Etaient nos copains. On picolait et on rigolait parfois avec eux. Depuis, ils ont quitté notre esprit, notre périmètre de vie. Et finalement, ils nous manquent un peu, nos vieux. On a envie de leur dire : « Revenez donc ! quand vous êtes là, la vie parait plus tranquille… »
