À la Bellangerais, la voiture de Ludovic Brossard, vice-président de la collectivité Eau du bassin rennais et conseiller municipal socialiste, est dégradée dans la nuit du 14 au 15 octobre. Selon nos informations, elle est recouverte d’un dessin de deux pénis et d’un sigle du RN. Immédiatement, le propriétaire s’en émeut et décide de porter plainte contre X (on parle ici des éventuels vandales). Un mois plus tard, la police a pris le taureau par les cornes. Au commissariat de Maurepas, elle a reçu séparément et en grande pompe les deux ténors de l’opposition rennaise, Loïck Le Brun et Charles Compagnon. « Nous étions suspectés d’avoir dégradé son véhicule. »

En sortant de leur audition, les deux hommes ont tout de suite demandé audience à la maire, Nathalie Appéré pour demander des explications sur l’attitude de son conseiller. Par le biais de son chef de cabinet, l’élue, pourtant très à cheval sur les questions de démocratie locale, n’a pas daigné les recevoir. Conséquence, les deux membres de l’opposition ont convié la presse pour évoquer cette affaire. Et à l’évidence, l’affaire ne les fait pas rire du tout. Ils ne comprennent pas ainsi pourquoi leurs deux noms ont été « cités par Ludovic Brossard lui-même » devant les forces de l’ordre. Ils ajoutent avoir mal vécu leurs interrogatoires. « Il n’est jamais très agréable d’être entendu par les policiers », commente Loïck Le Brun. « J’ai été obligé de m’en expliquer auprès de mon employeur, parce que oui, je travaille à la différence de nombreux élus de cette majorité ! »
Même son de cloche chez Charles Compagnon. « J’en ai informé ma femme. Nous avons dû justifier de nos agendas, notre identité, nos salaires… » Mais les deux hommes estiment être surtout victimes d’un coup bas. « Du temps d’Edmond Hervé (ancien maire), les débats étaient virulents, mais il y avait toujours une forme de respect entre l’opposition et la majorité. Chacun était respectueux et respectable », confie Loïck Le Brun. « Depuis des mois, Ludovic Brossard insulte Charles Compagnon. Il nous prend pour des crétins !. Le climat est devenu détestable. Ce que monsieur Brossard a vécu, c’est ce qu’éprouvent malheureusement de nombreux Rennais. Mais que cet élu puisse nous soupçonner, ce n’est plus une plainte contre X, cela devient une plainte nominative. C’est insultant. Comme si à 60 ans, j’allais commencer une carrière de hors-la-loi. Je me sens bafoué dans mon engagement politique. »
Cela pourrait nous faire rire, mais cela ne nous fait pas rire du tout ! » Charles Compagnon.
Remontés par cette affaire, les deux élus ont décidé de porter plainte pour dénonciation calomnieuse à des buts politiques. « Cette plainte démontre le manque de respect pour l’opposition. Elle est une forme de pression et d’intimidation. » Interrogé par nos collègues d’Ouest-France, Ludovic Brossard nie tout lien avec eux. « La police m’a demandé si récemment j’avais été menacé par des personnes. J’ai dit oui, quelques heures avant. » Parole contre parole ! Mais consulté par nos soins, un ancien élu communiste, qui a connu Loïck Le Brun, le voit très mal perpétrer ce type de délit. « Ce n’est pas son genre », avoue-t-il. « Cette accusation participe à la bordelisation de la vie politique », conclut l’élu de l’opposition Loïck Le Brun, en évitant scrupuleusement de citer de Gaulle…