Avec les éditions « Le Temps qui passe », qu’il dirige, Pascal Rougé nous a habitués aux essais sensibilisateurs sur la marginalité et les notions humaines et sociales importantes. Rôdé aux sujets délicats, il nous livre dans son dernier ouvrage, Petit Traité de la folie, une description détaillée de l’univers psychiatrique.
Encore une fois, Pascal Rougé traite de la marginalité du monde comme il l’a tant fait dans ses précédents ouvrages où il évoquait avec rigueur, sérieux et méthode la grande pauvreté, le suicide, l’extrême exclusion, la fatigue ou l’ennui. Encore une fois fois, il prend à bras le corps un sujet avec délicatesse et justesse.
Contre la société « normée » et contre l’administration étatique de la folie, Pascal Rougé rend humain ce qui nous paraît à tort bien loin de notre humanité. Il évoque la folie pour rappeler avec Frédéric Gros la déshumanisation de nos frères et sœurs : les fous. « L’aliéné n’est pas hors de l’humanité. Il est dans la société qui le déshumanise », convient-il avec l’un de ses maîtres à penser.
Face à une psychiatrie démunie, Pascal Rougé en appelle à notre humanité. Il ose avec raison s’interroger sur le « répertoire thérapeutique » de l’hôpital psychiatrique contemporain. Il dénonce la version triadique « hospitaliser, diagnostiquer et attribuer un traitement » qui s’exécuterait au détriment des patients ? La violence institutionnelle ne serait ainsi jamais loin…
A l’inverse, le philosophe épris d’humanité veut une psychiatrie digne et humaine loin de cette thérapie ignorante du « sujet ». Il en appelle à un autre regard sur la folie. Petit Traité de la Folie, de Pascal Rougé, aux éditions Le temps qui passe, 62 pages, 8,50 €. Informations sur le site web editionsletempsquipasse.wordpress.com. Disponible notamment chez Le Failler.
Phrase du jour du philosophe Henri Maldiney : « L’homme est de plus en plus absent de la psychiatrie, mais peu s’en aperçoivent parce que l’homme est de plus en plus absent de l’homme. »