Dans le quartier Sacrés-Coeurs, à deux pas de la gendarmerie, le petit salon de coiffure se cache derrière une devanture d’antan et répond au joli nom de salon Emeraude. A l’angle de deux rues où les maisons sont revêtues de schiste, il reçoit une clientèle de quartier composée de femmes de gendarmes, de bigotes, de bobos et de vieilles voisines. Du moins peut-on l’imaginer aisément…
Dans cet endroit du passé, bien loin des salons épurés des grandes franchises, les shampoings doivent sentir les senteurs passées. On y rêve de vieux sièges en cuir noir où l’on s’assoit avec un vieux tablier noir. On y rêve encore de grands miroirs où l’on sourit béatement et du vieux rasoir qui court sur votre nuque. On est dans le temple de la coiffe où l’on trouve le dernier Gala, le Paris-Match de Noël et le dernier magazine de coiffure. On est dans l’antre où les coiffeuses font des petits tas avec les mèches de nos enfants. Le salon Emeraude est une comme une petite madeleine d’un temps révolu. Il est situé dans un quartier où les commerces ne se comptent plus que sur les doigts de la main…
