Depuis deux mois, la mobilisation contre les coupes budgétaires touchant l’enseignement supérieur et la recherche ne faiblit pas à l’université Rennes 2. Lundi 17 mars, une assemblée générale réunissant plus de 500 personnes (selon le syndicat Sud) a voté le blocage et l’occupation des locaux. L’objectif affiché ? Protester contre les gels de postes et les restrictions financières, mais aussi exiger la mise en place du « 10 améliorable » afin de ne pas pénaliser les étudiants grévistes.
Un espace « libre, gratuit et émancipateur »
Durant deux nuits, l’occupation du bâtiment B s’est déroulée dans le calme, selon les participants. « Le campus est devenu un espace libre, gratuit, ouvert et émancipateur, accueillant les initiatives de l’université populaire », ajoute un communiqué du syndicat SUD Éducation et Solidaires Étudiant.es. «Des conférences, ciné-débats et autres discussions ont été organisés afin de maintenir l’esprit d’un enseignement public et accessible à tous.» Mais ce mercredi 19 mars, à 6 h 20 du matin, la présidence de l’université a fait appel aux forces de l’ordre pour expulser les étudiants occupant les lieux. « Plusieurs témoignages font état de violences lors de l’intervention policière : « coups, agressions verbales, menaces… » rapporte le mouvement AG Rennes 2.
Face à cette expulsion, les organisations syndicales ont fermement condamné l’opération des forces de l’ordre sur le campus Villejean. « La franchise universitaire est ce qui garantit les conditions du débat et de l’expression démocratique au sein de l’université. La banalisation des interventions policières porte gravement atteinte à la liberté de paroles, syndicale et associative », s’indigne SUD Éducation et Solidaires Étudiant.es.
En réaction à cette éviction, l’AG Rennes 2 a voté hier une action coup de poing contre la présidence, qualifiant son attitude de « franchissement d’une ligne rouge, un précédent dangereux ». Une réoccupation directe des locaux a été décidée, mais elle a été une nouvelle fois interrompue par une action des forces de l’ordre (voir notre article). Pour les manifestants, la responsabilité de l’escalade incombe à la présidence de l’université. « Nous avons tenté de dialoguer, mais le silence de la direction et son recours systématique à la police alimentent la tension », déplorent-ils. « Nous refusons que la fac devienne un lieu fermé, privatisé, élitiste et sous la supervision des policiers. Nous continuerons à lutter par tous les moyens nécessaires jusqu’à ce que nos revendications soient entendues », conclut l’AG Rennes 2. Une manifestation antifas est prévue ce samedi, dans les rues de Rennes.