Au début du XXe siècle, la famille juive Engelstein quitte la Pologne pour Metz. En 1940, leurs descendants (Fishel Engelstein, sa femme, sa belle-fille et leurs petits-enfants, Raymond et Catherine) fuient vers Rennes. Trois ans plus tard, en 1943, la Gestapo fait irruption dans leur maison. Fishel Engelstein et Béatrice sont arrêtés, laissant derrière eux deux petits enfants terrifiés avec leur grand-mère.
Désespérée et ne parlant pas français, cette dernière se rend au bureau d’assistance aux familles des prisonniers de guerre, le lendemain. En larmes, elle explique la situation à Marie-Louise Charpentier, une assistante sociale qui soutient la Résistance. Sans tarder, « Lily » Charpentier emmène les trois rescapés chez l’un de ses amis dans une ferme, à une quinzaine de kilomètres de Rennes.
Les trois juifs y restent cachés près d’un mois, nourris chaque jour par le frère de Marie-Louise et deux amis. Toutefois, Marie-Louise cherche une cachette plus sûre. Elle décide d’envoyer finalement la famille chez des amis à Paris, actifs dans la Résistance. Dès que possible, madame Engelstein, se faisant passer pour une sourde, part pour la capitale avec les enfants. Tous trois sont escortés par deux jeunes désireux de rejoindre les forces du général de Gaulle en Afrique du Nord. Une fois à Paris, un réseau clandestin aidera les trois réfugiés à se rendre chez des parents dans le sud de France.
Sauvés, la grand-mère et ses deux petits-enfants apprendront plus tard le funeste destin de leur grand-père, Fishel Engelstein, mort dans un train vers Auschwitz. Seule, Béatrice survit à Bergen-Belsen. Après la guerre, physiquement et moralement brisée, elle retrouve ses chérubins et son mari Joseph. Mais les horreurs subies la hantent jusqu’à son décès, cinq ans plus tard.
Née à Rennes le 26 novembre 1905, à Rennes, Marie-Louise Charpentier, pour son action héroïque, a reçu le titre de « Juste parmi les nations » de l’Institut Yad Vashem. Ce titre, rare et prestigieux, lui est décerné après une enquête minutieuse. Elle fait partie des 25 271 personnes honorées à ce jour, dont 3 760 Français.
Son nom est gravé sur le « Mur des Justes des nations » au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. Marie-Louise décède en 1998 à l’âge de 93 ans, laissant derrière elle un héritage de courage et de compassion. Avant de mourir, elle rencontra en 1989 Catherine qu’elle avait aidée à sauver en 1943. À Rennes, aucune rue ne porte son patronyme.
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