Ce lundi 14 octobre, six hommes âgés de 24 à 30 ans comparaissent ensemble devant le tribunal correctionnel de Rennes. Ils sont poursuivis pour l’organisation d’une rave-party massive ayant réuni plus de 2 000 personnes dans la nuit du 31 décembre 2020 au 1er janvier 2021, en pleine pandémie de Covid-19. Ils sont jeunes. L’un est costaud, les autres moins «balèzes». Ils ont le look de « teufers ». Derrière eux, des amis sont venus les soutenir, sous l’œil de la police.
En ce matin, l’atmosphère est bien différente de celle de cette fameuse nuit. On est loin des affrontements violents avec les gendarmes. On est loin de jets de pierres, de projectiles et de rondins. On est loin de l’incendie d’une fourgonnette de la gendarmerie et de nombreux blessés. On est bien loin du tourbillon médiatique. Dans le prétoire, l’ambiance est plus calme. Seuls six prévenus se trouvent face à la justice. « Il y a beaucoup de personnes non identifiées, de non-lieux, et des gardes à vue ont été annulées, » explique le président du tribunal.
Après un telle déclaration, l’affaire semblait entendue dès le début de l’audience ! Elle avait eu beau défrayer la chronique et entraîner les déclarations indignées du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le ton, parfois badin des débats, laissait présager une issue favorable pour les prévenus. « Je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait. J’avais l’impression d’être traité comme Pablo Escobar », a indiqué l’un des accusés. « J’ai été placé en détention pendant 20 jours, et l’on a parlé de moi sur toutes les chaînes de télévision. C’est absurde. »
Du côté du parquet, le substitut du procureur, Vincent Varlet, a tenu à replacer l’affaire dans son contexte sanitaire. « À cette période, 69 000 personnes sont mortes du Covid-19 en France. Organiser un tel rassemblement de 2 500 individus, alors que la majorité des citoyens respectaient les restrictions sanitaires, était un acte d’une grande irresponsabilité. Je requiers des amendes allant de 800 à 1 500 euros, ainsi que la confiscation des biens saisis. »
Dans ce dossier, on a voulu rassurer les politiques », déclare un avocat.
De l’autre côté de la barre, les avocats de la défense, notamment Olivier Pacheu, Delphine Caro et Nicolas Prigent, ont dénoncé une procédure disproportionnée pour faire comparaître des intermédiaires et non les organisateurs. « Il manque des preuves pour établir une réelle implication », a confié l’un d’eux. «Dans ce type d’événement, la frontière est floue entre participation et organisation. Dans une rave party, chacun apporte de la nourriture, des flyers, des enceintes, des générateurs, c’est un travail collectif. » Finalement, le tribunal a prononcé la relaxe des six prévenus et ordonné la restitution du matériel saisi.
Avec Matéo Gouriou.