Le 5 décembre 2020 et le 23 janvier 2021, lors de deux rassemblements contre l’action du Gouvernement, des tirs de mortiers sont tirés à bout portant contre les gendarmes mobiles dans les rues de Rennes. Ceux-ci blessent trois d’entre eux, qui près de deux mois après les faits, souffrent toujours d’acouphènes persistants.
Au regard de la gravité des faits, une enquête est vite diligentée. Elle mène à l’arrestation d’un grand barbu d’une trentaine d’années considéré comme l’un des chefs de l’ultra-gauche rennaise. Mais pas seulement…une étudiante et un jeune homme âgé de 24 ans sont aussi interpellés par les enquêteurs, après bien des recoupements entre photos et vidéosurveillance. A leur domicile, les enquêteurs trouveront d’ailleurs le parfait attirail du révolutionnaire moderne (parapluies, manuel de survie en garde à vue…)
Comparaissant devant le tribunal correctionnel de Rennes ce lundi, les trois Rennais nient tout en bloc, à l’exception de leur présence dans les manifestations pour les deux garçons. « Je portais un canard jaune lors de la manif, je n’ai pas tiré de mortiers », explique l’un d’eux. Pas de quoi faire rire l’avocat des gendarmes blessés, Olivier Chauvel ! L’homme des lois dresse un portrait peu flatteur des militants de l’ultra-gauche, chaussés par la multinationale américaine « Nike » et « sachant profiter » des subsides de l’État « bourgeois ». « Quand on est révolutionnaire, on essaie de ne pas trop profiter du système », ironise-t-il.
Devant le tribunal, Olivier Chauvel pointe le comportement de militants, conservant chez eux des photos d’un magistrat rennais « sous le sobriquet de connard » et considérant les gendarmes comme des ennemis à abattre. « Nous sommes dans une drôle de conception des Droits de l’Homme ! D’un côté, on « prétend défendre » les libertés de chacun, de l’autre, on « déshumanise » un des piliers de la société démocratique, la gendarmerie. On ne peut pas accepter ces agressions qui prétendent attaquer une institution mais qui en réalité blessent des hommes »
Pour ces actes, le ministère public a requis six mois de prison avec sursis pour la jeune femme, dix mois de prison pour le trentenaire et douze mois de prison pour son ami, assortis d’interdictions de manifester. Les avocats de la défense, Olivier Pacheu et Delphine Caro, ont en revanche demandé la relaxe pour leurs clients. « Les images ne sont pas assez probantes », ont-ils affirmé. Délibéré rendu le 11 mai prochain.