Elle s’appelle Jocelyne (prénom d’emprunt). Elle vit avec sa petite famille dans une petite maison coquette en schiste d’une grande artère de la ville de Rennes, non loin du centre. Il y a quelques semaines, elle a reçu par courrier une proposition d’un promoteur parisien de rachat de sa demeure (130 m2) au prix de 550 000 euros, soit bien plus que le marché !
Pour en savoir plus, la jeune femme a téléphoné au professionnel de l’immobilier. « Il m’a confirmé sa proposition », confie-t-elle. « Il veut détruire ma maison et deux habitations voisines pour construire une cinquantaine d’appartements », ajoute-t-elle. Ayant refusé l’offre (comme son voisin), elle comprend maintenant pourquoi de nombreux rennais ne résistent pas aux sirènes. « On réfléchit à deux fois devant une telle proposition. Vous imaginez, c’est le prix d’une belle demeure ! »
Dans sa grande rue, de nombreuses maisons ont été démolies depuis quelques années. « Les promoteurs sont prêts à payer de belles sommes dans la mesure où ils peuvent gagner beaucoup d’argent », ajoute-t-elle. « A raison de cinquante appartements à hauteur de 200 000 euros, le calcul est vite fait. Tout le monde est gagnant, les vendeurs, les promoteurs, les constructeurs et la ville (taxes foncières). »
Dans une autre rue rennaise, la mère de Françoise a eu la même proposition. « Au départ, elle ne voulait pas vendre », explique la jeune femme. « Elle tenait à sa maison. Mais à force de sollicitations, elle a fini par céder. Je la comprends tout à fait comme je comprends le besoin de densifier la ville. Mais ces pratiques ne sont pas très morales. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne peuvent plus acheter de maisons de villes devenues hors de prix. »
Contre la spéculation immobilière, contre la densification, difficile de lutter pour les petits propriétaires. « J’ai vendu », dit l’un. « Cela m’a permis d’investir dans une petite résidence à Saint-Malo. Mais je vous avoue que cela m’a fait mal au coeur….Je préfère des petits quartiers résidentiels à des immeubles sans âme. Que faire ? Peut-être faudra-t-il un jour réglementer le marché immobilier et interdire les surenchères ? » A Rennes et ailleurs, les quartiers changent pas toujours pour des questions d’amélioration de l’habitat !