Marcel Leclerc s’est éteint à l’âge de 83 ans, des suites d’une longue maladie, en Bretagne. Il sera inhumé ce mardi en l’église de Dingé. Petit gars d’Ille et Vilaine, fils d’agriculteur breton, il était l’un des plus grands flics de la prestigieuse de la Police judiciaire de Paris. « De sa Bretagne natale à la capitale des Gaules en passant par le Quai des Orfèvres où il dirigea l’antigang et la prestigieuse Crim’, ce « grand flic » restera un modèle pour celles et ceux qui l’ont côtoyé », assure Gérard Collomb, ministre de l’intérieur.
Figure emblématique du « 36 » des années 1960-1970
Né en 1935 sur les bords de la Vilaine, ce fils de paysan et proche de Charles Pasqua entre dans la police en 1961. Il commence sa carrière comme commissaire adjoint dans le chic quartier du 6e arrondissement, après avoir brillamment réussi son diplôme de docteur en droit (1). De là, le commissaire Leclerc gravit tous les échelons. Il devient l’une des figures de la PJ parisienne dans les années 1960 et 1970 où il exerce à la brigade criminelle et à l’antigang (aujourd’hui BRI).
A cette époque, Marcel Leclerc s’occupe des plus grandes affaires. « De la très sensible affaire Ben Barka (cet opposant marocain enlevé en octobre 1965) à la lutte contre le clan des frères Zemmour (les piliers de la pègre parisienne), en passant par l’enlèvement du baron Empain en 1978 et à la traque de « l’ennemi public numéro un » Jacques Mesrine, le commissaire Leclerc s’est trouvé en première ligne dans la bataille contre la grande criminalité », explique le journal, Le Monde.
Durant cette période, Marcel Leclerc combat « avec énergie, passion et détermination » le crime. « Il participe à la résolution des affaires judiciaires les plus délicates et à l’élucidation des enquêtes les plus sensibles tout en contribuant au rayonnement international de la police française », confie Gérard Collomb, dans un communiqué. Homme de terrain mais aussi « grand flic » visionnaire, le Breton modernise même « les techniques d’enquêtes et anticipe les menaces à venir en créant, notamment, une section anti-terroriste au sein de la brigade criminelle de la Préfecture de police de Paris. »
Rival de Broussard et policier de « droite »
« Bien qu’il ne se proclame « pas politique pour un rond », Leclerc passe pour un flic de droite, tant et si bien qu’après l’élection de François Mitterrand, en 1981, le gouvernement socialiste stoppe son ascension vers les sommets de la PJ parisienne », ajoute le Parisien. En mars 1982, il devient simple chargé de mission à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Mais avec le retour de la droite au gouvernement en 1986, il prend la direction du service où il avait été placardisé…
Puis, à la fin des années 80, Marcel Leclerc se rapproche de Charles Pasqua dont il dirige le cabinet au conseil général des Hauts-de-Seine, de 1989 à 1993. Nommé préfet en 1993, il partage son exceptionnelle expérience au service de la République comme préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du préfet de la région Rhône-Alpes. Il termine sa carrière en 1998, à l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI), dont il a été le directeur.
« Avec sa disparition, notre pays perd un grand serviteur de l’Etat, un homme d’action, dévoué à la protection de ses concitoyens, mais aussi ce chef charismatique, ce « patron », apprécié de toutes celles et tous ceux qui ont eu l’honneur de servir sous ses ordres et l’immense fierté d’avoir travaillé à ses côtés », note Gérard Collomb. Son fils Jean-Marc est aujourd’hui rédacteur en chef adjoint chargé des questions de sécurité du Figaro. L’ancien commissaire a rédigé ses mémoires De l’antigang à la criminelle (Plon). Pour aller plus loin : deux articles à lire, celui du Figaro et celui du Parisien.
Marcel Leclerc : un grand flic de la prestigieuse PJ vient de nous quitter. Homme d’honneur et d’engagement, il restera une figure marquante de la police. Je m’associe à la peine de son épouse, ses enfants et ses proches. NS
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) August 10, 2018
Marcel Leclerc nous a quittés.
De sa Bretagne natale à la capitale des Gaules en passant par le Quai des Orfèvres où il dirigea l'antigang et la prestigieuse Crim', ce « grand flic » restera un modèle pour celles et ceux qui l'ont côtoyé et une référence pour la @PoliceNationale. pic.twitter.com/D1OIi9BqQP— Gérard Collomb (@gerardcollomb) August 10, 2018
(1) L’objet de son mémoire : « commissaire de police, fonctionnaire d’autorité »