Le Rennais Yannick Nogret est transformiste. Il est un homme heureux. Mais à l’annonce de la mort de Geneviève de Fontenay, il a versé une petite larme. Depuis quelques années, il est la dame au chapeau dans les cabarets et dans les campings de la région. « Je vais lui rendre hommage, lors de mes différents spectacles, en Vendée, où je pars en tournée », explique-t-il. « Je vais arriver sur scène, ne rien dire et laisser les gens réagir. Ce sera manière de lui dire au-revoir sous les applaudissements.»
Depuis 40 ans, le transformiste est fier de coiffer le célèbre couvre-chef de l’une des dames les plus célèbres de France. « Je l’aimais beaucoup ! », confie-t-il. « Je me transforme en Geneviève, lors de l’ouverture de mes récitals. Je me promène dans la salle où les spectateurs sont ravis de me voir ainsi habillé! Beaucoup s’exclament devant moi en déclarant simplement : madame de Fontenay ! Mais je leur réponds : non, je suis sa mère ! »
Un jour, monsieur Michou m’a appelé ! Mais à l’époque, il payait 400 francs par soir. J’avais refusé, faute de pouvoir me loger à Paris. »
Sur les podiums, Yannick fait chanter de temps en temps Geneviève avec le répertoire de Marie-Paule Belle et Colette Renard. « C’était une Française qui n’avait peur de rien, » assure-t-il. « Elle était l’élégance. » Pour devenir Geneviève, il puise dans sa garde-robe une veste longue noire et blanche, un foulard, un chapeau (bien évidemment), une jupe et des chaussures. Malheureusement, la reine des miss France ne l’a jamais vu ! « C’est dommage ! Mais je me console. Beaucoup de gens sont surpris par ma prestation en talon aiguille de 15 centimètres et par ma grâce. »
À la différence des transformistes d’aujourd’hui, Yannick (ou Daphnée Délire) aime les célébrités d’antan. « J’ai presque 70 ans. Vu mon âge, je ne vais pas faire Madonna ni Mylène Farmer ! », justifie-t-il dans un grand sourire. « Je ne vais faire que des personnes plus âgées. Je me métamorphose en Rika Zaraï, en Barbara et Édith Piaf. Dans mon répertoire, il y a de plus en plus de mortes à l’exception de Nana Mouskouri. »
Un soir, ma fille m’a demandé une robe. Je lui ai dit d’aller dans ma réserve et de se servir. » Yannick.
En France, Daphné Délire était connu dans les cabarets de Deauville, de Saint-Brieuc et Rennes (le Strass). Aujourd’hui, il évoque son métier avec beaucoup de tact. « Beaucoup pensent qu’il faut être gay pour être transformiste. Mais pour ma part, je bosse avec des gens complètement hétéros et parfois père de famille. Moi, j’étais marié et mes petits-enfants viennent me voir et ils adorent. » Actuellement, il continue à se produire en Bretagne et en France. Il suffit de l’appeler. Daphnée Délire au 06 89 51 89 46.
Infos + : Il y a déjà quarante ans, Yannick est devenu transformiste (travesti dans le temps). « Je m’étais déguisé tant bien que mal en Joséphine Baker avec beaucoup de plumes, et j’ai gagné le premier prix d’un concours. Dans la salle, il y avait un célèbre transformiste qui m’a poussé à suivre son chemin. De fil en aiguille, j’ai été très demandé. » A Deauville, Daphné Délire s’est produit devant Jacques Martin, Patrick Juvet. « Je me souviens m’être présenté en Lova Moor avec elle à côté de moi. »