Quelques secondes avant de lire un texte en mémoire du professeur tué à Arras, ce vendredi 13 octobre 2023, Clément, élève du lycée Émile Zola, livre son sentiment. Avec gravité, il ose ces quelques mots. « Je ressens beaucoup d’émotions, de peur et de colère. On s’attaque à des choses qui nous sont chères, à nos enseignants, à nos valeurs. » Derrière un pupitre et devant un parterre de personnalités politique, le préfet Philippe Gustin et le recteur Emmanuel Ethis, il déclame quelques lignes de Bertrand Russell (1872-1970). « L’amour est sage, la haine est stupide », proclame-t-il. « Nous devons apprendre une forme de tolérance pour la poursuite de la vie humaine. »
Tout aussi grave, le recteur invite à « faire société ». Il convie à être unis devant la peine de la communauté éducative d’Arras, de France et de Bretagne. « Je pense à ceux qui rangeront les affaires, les notes, les cours de Dominique Bernard (professeur tué à Arras). Je pense à lui qui aimait tellement Julien Gracq », exprime-t-il. « Comme le disait Emile, Zola, c’est par le livre, et non par l’épée, que l’humanité vaincra le mensonge et l’injustice, conquerra la paix finale de la fraternité entre les peuples. »
Au-delà des mots réparateurs et salvateurs, le recteur et le proviseur du lycée Emile Zola, Jean-François Lamache, ont tenu à rendre hommage à l’enseignant par une minute de silence et une vibrante Marseillaise. Loin d’Arras, Rennes montrait sa peine dans la cour Dreyfus, à deux pas de la salle, où l’officier innocent, d’origine juive, fut jugé dans un autre temps pour haute trahison. Plus d’un siècle plus tard, l’obscurantisme est toujours de mise face à nos valeurs républicaines et citoyennes.
Infos + : les lycées privés, comme Saint-Martin, ont tenu à participer à l’hommage national. Une messe a été notamment célébrée en mémoire de Dominique Bernard.