Depuis le 1er mai 2022, la ville de Rennes se retrouve sans son service public de fossoyeurs, malgré une forte opposition syndicale. Cette suppression oblige les familles de faire appel aux entreprises privés pour enterrer leurs proches. « C’est la mort dans l’âme que nous assistons à cette situation », tient à préciser Stéphane Morandeau, membre de la Section syndicale SUD collectivités territoriales 35. « Cette décision restera un caillou dans la chaussure de ce mandat. Dès le 30 septembre 2021, nous avions exprimé notre refus, mais la ville a ignoré notre vote. »
En 1954, un ancien maire de droite avait créé ce service public afin de rendre le coût des funérailles abordable pour les Rennais.
En deux ans, la privatisation a conduit à une hausse massive des tarifs funéraires. Elle a rendu les obsèques bien plus onéreuses pour les familles. « Là où les agents municipaux demandaient 181 € pour un creusement de sépulture, les entreprises demandent aujourd’hui 850 €. Le coût d’une excavation pour deux tombes est passé de 288 € à 1 810 €, et la mise en place d’une cavurne, auparavant facturée 40 €, atteint désormais 330 € », déplore Stéphane Morandeau. « Ces chiffres dépassent nos pires craintes et rappellent exactement la situation des années 50, avant la création de l’activité publique des fossoyeurs. »
Les familles ne subissent pas seulement les hausses de tarifs : la qualité du service en aurait également souffert. Depuis la suppression, de nombreuses erreurs auraient été signalées dans la gestion des enterrements. « Les entreprises privées ont provoqué des conditions particulièrement douloureuses pour les foyers. Les exemples abondent. Des mises en caveaux provisoires sont devenues nécessaires lorsque les creusements n’ont pas été effectués aux bonnes dimensions, repoussant ainsi des funérailles. Les travaux ont également endommagé certaines parties des cimetières, faute d’utiliser des plaques de roulement pour protéger les espaces engazonnés. Le respect des lieux sacrés et des familles est en jeu », souligne le syndicaliste.
Stéphane Morandeau dénonce aussi des erreurs d’emplacement. « Nous avons assisté à des situations choquantes, comme des enterrements de défunts musulmans dans des endroits inadéquats, en totale contradiction avec leurs pratiques religieuses », déplore-t-il. « Ces erreurs ont entraîné des exhumations, nécessitant de déplacer les corps vers des sites conformes. La dignité des familles et des disparus est en péril », avertit Morandeau. Pour SUD CT 35, la suppression des fossoyeurs municipaux ne serait pas une fatalité. « Nous irons jusqu’au bout pour que ce service public soit rétabli », assure Stéphane Morandeau. Le syndicat ne compte pas abandonner ce combat. « La situation actuelle est insoutenable et contraire aux valeurs de solidarité et de respect qui devraient prévaloir pour une activité aussi essentielle. »
