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mercredi 24 avril 2024
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JUSTINE : L’HISTORIENNE DES SORCIÈRES

Femme de son temps, Justine Jouet est historienne. Mais au lieu de s’intéresser au passé médiéval ou révolutionnaire comme ses congénères, elle a choisi comme sujet de prédilection : les sorcières ! « En master de recherche dans le Centre d’études supérieures de la Renaissance de Tours (bac+5), j’ai examiné les procès de sorcellerie. » En quatre ans, elle a compulsé les archives, fréquenté des bibliothèques dans tous les départements de France et de Navarre. Et elle en a su nécessairement beaucoup plus sur les fées au chaudron et les Gargamels de tous poils. « La plupart sont des femmes (80 %), » assure Justine. 

« À 13 ans, j’ai découvert la Bretagne touristique et la Bretagne des croyances et des superstitions. J’ai connu les korrigans, les fées et les lutins. » 

Pointées du doigt, les « chamanes » de nos campagnes étaient des femmes comme les autres. Mais à l’époque où les dames étaient vouées à être mères, tous les profils atypiques étaient vus d’un mauvais œil ! « Si elles étaient trop intelligentes, elles étaient sorcières. Si elles étaient veuves, elles avaient empoisonné leur époux. Si elles avaient eu plusieurs maris, elles les avaient tués ! » 

Dénoncées par des voisins, par des villages entiers, nos sorcières se retrouvaient parfois devant un tribunal, sans avocat.  « À cette époque, elles étaient présumées coupables, » explique Justine. Guérisseuses, sages-femmes, rebouteuses, elles étaient clouées au pilori, bien malgré elles. « Mais il ne faut pas se le cacher… Certaines étaient de vraies empoisonneuses. »

Visites guidées, conférences : Justine n’arrête pas !

Difficile en revanche de connaître le nombre de sorcières mortes sur les bûchers. « Leur premier crime était d’être une femme. On avait tellement peur d’elle que l’on détruisait tout par le feu : leur maison, leurs enfants et leurs procédures devant les tribunaux. C’est donc très compliqué de disposer de sources ! » Mais Justine l’assure : 500 000 sorcières et sorciers auraient été exécutés en Europe. 

Aujourd’hui encore, certains croient en la sorcellerie. « Ils voient des boules de feu dans les fermes et les mettent sur le compte des enchanteresses. «  Mais difficile de connaître le nombre de sorciers toujours en activité. « De plus en plus viennent toutefois me rencontrer ! Elles ont des capacités, des dons. Elles se disent sorcières ! Elles existent toujours. »

Désormais, leur image change ! « Il y a une définition de sorcière par personne. Elle n’est pas forcément une dame avec un chapeau pointu, un balai… Lors de mes cafés magiques, j’apprends aux enfants à ne pas juger au regard de stéréotype. J’évoque les affaires sous l’angle de l’histoire, car la réalité historique ne peut pas être mise en doute… » 

Lors de ses conférences, Justine rappelle à ses auditeurs des vérités. « Les sorcières auraient pu être nos mères, nos sœurs, nos filles. » Derrière l’image d’Épinal, elle veut les réhabiliter. « La Suissesse Anna Goldin l’a été en 2009. Elle avait porté plainte pour viol et harcèlement sexuel. Elle l’a payé de sa vie. Un historien vient de rétablir les choses. »

Prochainement, Justine va se pencher sur le cas de l’empoisonneuse Hélène Jegado. «Je décortique son existence, son procès » reprenant l’affaire à zéro, elle s’interroge sur la servante bretonne. « Est-ce qu’elle était une empoisonneuse doublée d’une sorcière ? » D’ici là, elle présentera son ouvrage Le mystère Naia : une sorcière à Rochefort-en-Terre, animera des cafés magiques (pour les 4 à 70 ans), donnera des conférences, organisera des visites guidées. https://www.histoiresdesorcieres.com. Tél. 06 29 38 00 55. 

jean-christophe collet
jean-christophe collet
Lancé par le journaliste Jean-Christophe Collet en 2012/2013, www.rennes-infos-autrement.fr devient un site d’informations en 2015 et est reconnu comme site d’informations en ligne par le ministère de la Culture et de la communication.

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