Jean-Marie Goater est un personnage truculent. L’élu vert porte une barbe touffue non pas par effet de mode ou par conviction religieuse. Non, la sienne est authentique, un vrai collier perlé à la capitaine Haddock, une barbichette de sage breton venant des tréfonds des Côtes d’Armor d’où il est originaire.
Caricature réalisé par Etiou
Empli d’idéal humaniste, le jeune homme débarque de Saint-Brieuc dans la capitale bretonne au début des années 90 pour y effectuer des études de lettres. En tant que membre du syndicat d’étudiants bretons, Dazont, il fait ses premières armes de militant en rentrant au conseil de la vie étudiante et au conseil d’administration de Rennes 2. Il adhère en même temps au mouvement des Verts.
Mais très vite, il choisit « sa » propre voie : le livre, et part effectuer une licence « édition » à Bordeaux. À son retour, il doit son salut professionnel et social en frappant par hasard à la porte de la célèbre librairie rennaise Les Nourritures terrestres. Un an après, il continue son initiation à la Coop Breizh. Puis, à l’ouverture de Virgin Rennes, il expérimente le merchandising culturel. Déçu par cette culture aseptisée, il retourne à l’école et intègre à l’IGR un DESS de marketing qui lui ouvre les portes des éditions Apogée.
Politicien engagé !
Cette période coïncide avec son premier mandat électoral comme conseiller municipal chargé des arts plastiques, en 2001, sous la dernière mandature d’Edmond Hervé. Mais rien n’est jamais acquis pour « l’anti professionnel de la politique ». En désaccord avec la majorité socialiste, il rentre dans l’opposition, perd son mandat, et son travail d’éditeur…
De ce bouleversement existentiel, il en tire une leçon de vie et décide d’ouvrir son bar et sa propre maison d’édition en 2009 (Le Papier Timbré et les éditions Goater). Ce n’est que six ans plus tard, en 2014, qu’il retrouve un mandat en prenant le poste d’adjoint à la démocratie locale, son cheval de bataille.
L’homme de conviction
Jean-Marie Goater irrite parfois certains milieux conformistes. En fait, il trouve surtout écho auprès de la jeunesse étudiante et des milieux politiques d’extrême gauche et écologistes. Mais il est aussi apprécié par les centristes, et paradoxalement par quelques anciens membres de l’opposition rennaise qui lui reconnaisse un certain courage et une vision réaliste, particulièrement sur les grands projets structurants.
« J’aime bien les gens, l’esprit de solidarité et de fraternité. » Ces préceptes, il les applique notamment dans sa fonction d’élu de permanence, une mission à la fois enthousiasmante et stressante. Chaque jour, il rencontre des citoyens avec leurs problèmes et tente de les régler. Ce rôle au plus proche des citoyens le passionne. Et pour lui le plus stimulant, ce sont les mariages, des moments de joie auxquels il aime participer !
Mais, à tout prendre, c’est encore son domaine professionnel qui le stimule le plus. Environ 70 ouvrages sont déjà parus aux éditions Goater depuis leur création en 2009. Soixante-dix ouvrages qui lui ressemblent, lui l’homme féru d’humanité et de créativité !
Pour en savoir sur son action et sur l’homme
La fabrique citoyenne : son œuvre. Ce qui motive l’élu vert en politique, c’est d’installer un nouveau projet pour faire participer les citoyens à la vie publique. Lui et son équipe ont lancé le budget participatif, il y a deux ans, sous le nom de la Fabrique citoyenne. « C’est une solution innovante, originale, teintée d’une couleur positive. Bien sûr, ce n’est pas la solution miracle. Mais le pire serait de rien faire ! Au moins, on tente quelque chose d’innovant… ». L’adjoint au maire compare souvent cette démocratie locale à la quête du Graal. « Ce n’est pas de trouver le Graal qui est important, mais c’est le chemin qui y mène. »