Les 5 et 6 mai 2022, un premier feu d’origine criminel avait brûlé 3 hectares de forêt à Liffré. Dix jours plus tard, un autre incendie, d’origine douteuse, s’était déclaré, dévastant 25 hectares. Comment se portent les lieux trois après ?
Le petit incendie criminel des 5 et 6 mai 2022 n’était rien, par rapport au second déclaré dix jours plus tard. Si le premier n’avait attaqué que 3 hectares de forêt à Liffré, celui du 16 mai avait nécessité l’intervention de 400 pompiers et dévasté 22 hectares supplémentaires.
Le feu, parti d’un talus bordant l’A84 s’était embrasé rapidement, dans un contexte de sécheresse et favorisé par une végétation basse de graminée et e fougères. Afin d’aider les pompiers, les agents forestiers de l’ONF avaient alors créé des coupures de végétation sur cinq mètres de large autour de la zone incendiée à l’aide de pelleteuses, afin d’éviter toute reprise. Les soldats du feu avaient quant à eux mis trois jours à maîtriser les flammes.
« 3 ans plus tard…
la végétation n’a pas repris ses droits »
En 2022, le feu a parcouru trois types de zones forestières. Une très jeune plantation de pins maritimes âgés de 2 à 3 ans a entièrement été détruite par les flammes, et replantée par la suite.
Les pins sylvestre centenaires, qui semblaient montrer une certaine résistance après le sinistre, ont finalement dévoilés des signes de mortalité pour la plupart d’entre eux. « Il nous a fallu prendre la décision de les couper, tant qu’ils avaient encore une valeur économique. Leur exploitation est prévue pour cet été. Nous avions également espéré qu’une nouvelle génération pourrait s’installer, issue des graines de ces grands pins, ce qui ne s’est pas produit. Nous devrons là encore passer par voie de plantation pour reconstituer la parcelle forestière » explique Franck Muratet, responsable de l’Unité territoriale de l’Office National des Forêts (ONF) en Ille et Vilaine.
Concernant les chênes et hêtre, entièrement détruits lors de l’incendie, « après trois ans d’observation, et le constat que la fougère aigle s’était développée abondamment, ne laissant pas la possibilité à des espèces ligneuses (arbres) de s’installer, nous avons fait le choix de planter un chêne plus méditerranéen, adapté au réchauffement climatique », ajoute le Franck Muratet. C’est donc le chêne pubescent qui a été sélectionné pour reconstituer cet espace forestier. « Malgré quelques années écoulées, l’incendie a des conséquences durables et la forêt n’a pas eu le temps de réagir et de se reconstituer naturellement. Nous hâtons son œuvre, en intervenant par voie de plantation », résume le responsable de l’ONF.
Diversifier les espèces : une importance capitale
Mélanger les arbres en forêt est primordial pour anticiper les évolutions climatiques ou parasitaires. « Si une espèce est en difficulté pour une ou plusieurs de ces raisons, les autres présentes sur la parcelle, moins sensibles à ces contraintes, continueront leur croissance, et la forêt perdure », illustre Franck Muratet… Malheureusement, cette diversification est compliquée en forêt de Liffré, à cause de ses sols pauvres. « Très peu de feuillus peuvent d’y développer. Seul le bouleau parvient à accompagner les pins avec une croissance satisfaisante, et nous l’utilisons largement », précise l’ONF qui a profité de la meilleure qualité du sol d’une partie de la zone ravagée pour planter des espèces ayant prouvé leur résistance aux flammes en 2022 : chêne pubescent, pédonculé, hêtre ou chêne sessile.
En voiture, pas de mégot. En forêt, pas de barbecue !
Les stigmates d’un incendie en forêt, qu’il soit d’origine accidentelle ou criminelle ne guérissent jamais réellement. A cette occasion, l’ONF rappelle quelques gestes simples pour éviter le drame : « Garez votre voiture sur les parkings prévus à cet usage, afin de faciliter l’accès des secours en cas de besoin. N’empruntez que les cheminements qui sont proposés et adaptés. Respectez les signalisations. N’apportez aucune flamme en forêt : pas de barbecue évidemment… mais pas de mégot non plus. Ramassez vos déchets et ne laissez pas vos animaux divaguer », insiste l’Office national des forêts.