Il y a quelques jours, dans le quartier de Maurepas, le 28 mars, sur un lieu de revente de stupéfiants le plus important de la ville, un individu se présentait le crâne recouvert d’un casque de moto. Immédiatement, il ouvrait le feu avec une arme automatique sur un groupe de personnes habituellement rassemblées devant un espace commercial. Derrière lui, il laissait deux morts ; un homme, né à Cayenne, âgé de 34 ans, atteint d’une balle dans la tête et un second, né en Martinique, âgé de 29 ans, touché au thorax, au flanc et à la cuisse.
Un suspect interpellé
Au regard de la particulière gravité de ces faits, le parquet de la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes a été saisi le 29 mars. « Une enquête de flagrance est en cours pour meurtre en bande organisée, tentative de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime », précise le procureur de la République, Philippe Astruc.
Ce 3 avril, un suspect, né en 2000, à Mamoudzou, sans antécédents judiciaires, a été arrêté à Mamoudzou, à Mayotte. Placé en garde à vue, il a été immédiatement rapatrié en métropole où il vient d’arriver à Rennes et où il serae interrogé par les enquêteurs. « Sa compagne est également en garde à vue », ajoute Philippe Astruc. « Des précisions seront données au terme de ces procédures. »
le procureur pointe du doigt la mobilisation des services de police dans des missions de maintien de l’ordre depuis janvier. « Cela nous a pénalisés dans la sécurisation et le traitement des zones de vente de stupéfiants. »
Face à ce possible de règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants, le procureur ne mâche pas ses mots. « Il s’agit en tout état de cause pour la ville de Rennes de fait d’une gravité rarement atteinte qui vient constater, si cela devait se confirmer, une aggravation de la situation dans le sud de notre ville. » Au-delà de cette affaire, le procureur s’inquiète de la jeunesse du suspect et d’un retour totalement désinhibé à la violence extrême. « Le prix de la vie humaine devient négligeable », assène-t-il.
Mais il ne veut pas rester les bras ballants. « Après les conclusions de l’enquête, une analyse aussi volontariste que lucide devra être conduite avec monsieur le Préfet, la maire de Rennes et les services de police. Je sais leur accord de principe. Cet échange est très important pour adopter les mesures qui pourraient être nécessaires. Dans le même temps, j’ai déjà prévu des rencontres avec les habitants concernés qui doivent pouvoir compter sur le soutien plein et entier de l’État ».
À Maurepas, le magistrat ne veut pas voir s’installer un phénomène d’impunité. Il ne souhaite pas de trafiquant se battant arme au poing, pour des territoires ou les parts de marché. « Nous avons la volonté de sanctionner avec fermeté ce type d’agissement. » Malgré une certaine dégradation de la situation (deux morts en début d’année), le procureur met aujourd’hui en avant le travail des policiers. « Nous avons réussi à élucider 71 % des règlements de comptes accomplis sur Rennes depuis 2018 (quatre décès). 65 individus ont été mis en cause, dont 21 ont déjà été jugés par le tribunal correctionnel. Nous n’abandonnerons pas les habitants du quartier. »
Infos + : trois personnes ont été interpellées dans une autre affaire de règlement de comptes survenue deux jours auparavant dans le même quartier. « Actuellement en garde à vue, elles seront interrogées sur l’ensemble des faits qui pourraient avoir un lien, mais qui restent cependant toujours à vérifier et à établir. Les deux procédures ont été rapprochées dans le cadre d’une enquête unique confiée à la police judiciaire. »
