Une photo du Rennais Franck Hamel, c’est comme un tableau de Vermeer, une peinture d’Edward Hopper, une nature morte vivante ! Dans une abbaye normande, il expose ses clichés personnels jusqu’en septembre 2023. Il présente ses légumes, ses fruits, ses herbes, son terroir, issus de nos jardins, de nos marchés et de nos agriculteurs. Mieux que quiconque, il met à la lumière du jour, des choux, des oignons et des betteraves. Il donne de la couleur à nos potagers. Il modèle l’insondable légèreté du quotidien de nos assiettes. « J’ai rarement une idée en tête », convient-il. « Je tombe par hasard sur des produits qui m’inspirent et qui ne sont pas forcément exceptionnellement beaux, mais, qui pour moi, ont quelque chose qui me motive, qui me donne envie de les photographier. »
Pour chaque denrée, Franck Hamel devient méticuleux. Il est observateur, metteur en scène, décorateur et réalisateur. « Je ne m’interdis rien », explique-t-il. Mais parfois, son imagination ne vient pas. Il est comme les agriculteurs. Il a besoin de temps pour faire mûrir son cliché. Mais qu’on le rassure ! Son écriture photographique est artistique. Elle est singulière et toujours sur fond sombre ou clair. Indéniablement, il a trouvé son style en dessinant le brut et la matière de nos produits. Il est dans un clair-obscur étonnant et détonnant au service d’un travail militant, au profit de notre environnement et plus encore des légumes anciens.
Plus qu’un autre, le photographe Franck Hamel sait montrer les choses simples. Il surprend ses fans. Il fait voler en éclat les préceptes kantiens qui stipulent depuis des lustres que le beau plaît sans concept. Bien au contraire, il donne envie de manger ses tomates et de les regarder d’une autre manière ! « Je préfère exposer la beauté que le côté inesthétique des produits », résume-t-il.
Je travaille la lumière du nord comme le faisaient les peintres du XVIIIe siècle. » Franck Hamel.
Dans son œuvre, Franck Hamel transforme ses clichés en sculptures éphémères. Il fige l’ingrédient à l’instant T. Il valorise les richesses de nos jardins en respectant si possible les saisons. Mais ses compositions ne sont pas nées du jour au lendemain. Photographe culinaire, Franck Hamel est un homme d’expériences. Il est connu pour son style personnel qui est le fruit sans doute de son expérience et de ses études en arts plastiques. « Ce qui me faisait rêver, c’était Cartier Bresson. »
En Roumanie (du temps d’Iliescu), Franck Hamel a travaillé pour une agence de presse roumaine, édité une livre avec le correspondant du Monde et rencontré sa femme. Au Vietnam, il a œuvré pour une revue de dentistes et d’orthodontistes français où il s’occupait de la rubrique « voyages ». Enfin, au Maroc, il est devenu le chasseur d’images d’un magazine sur la mer et créé son agence de photographies. Depuis son retour en France, il collabore pour de grands groupes alimentaires, pour des périodiques où tous apprécient son travail à la lumière du jour. Après des années de galère, il s’éclate, il s’amuse. « J’ai la chance de pouvoir vivre de mon métier. Mais je ne conçois pas mon activité de photographe sans mes créations personnelles. » Franck Hamel, Inspirations au potager, Galerie des jardins de l’abbaye Saint-Georges, Saint-Martin-de-Boscherville, jusqu’au 23 septembre.