Depuis belle lurette, le parking de la Vilaine fait l’objet de bien des attentions ; les uns veulent le détruire, les autres veulent le conserver. Encore une fois, il est revenu à l’ordre du jour du dernier conseil municipal, ce lundi 26 avril 2021. « Pour réfléchir à son avenir, la ville va faire appel à un jury de citoyens, tirés au sort et composés d’un panel représentatif de la population », explique Marc Hervé, adjoint au maire. « Ces Rennais travailleront en ateliers de juin à décembre prochain pour proposer des scenarii et fournir un avis d’ici l’été 2022. «
Des rues plus végétales
Soutien de la majorité en place, l’écologiste Matthieu Theurier envisage en lieu et place du parking « une promenade à fleur d’eau, des petits restaurants avec terrasses, un miroir d’eau… » Comme de nombreux élus, il entend les complaintes des habitants et des commerçants opposés au projet de démolition. Mais il rappelle les nombreux parkings des Lices, de Chézy-Dinan, de Charles de Gaulle, de Kléber, de Hoche. Toutes les études le démontrent, ajoute-t-il. « Des rues qui font plus de place aux piétons et cyclistes, des rues plus végétales et plus agréables sont extrêmement bénéfiques aux commerces de proximité. »
Porte-parole de l’opposition En Marche, Carole Gandon évoque une navigation à vue dans ce dossier. « S’il y a bien un quartier, un espace qui doit permettre à la ville d’exprimer une sensibilité, une vision de notre ville, de donner à voir – et à vivre – l’âme rennaise, c’est bien celui-ci. » Comme de nombreux Rennais, son groupe déposera sa « contribution, sous la forme d’un projet mûrement réfléchi, alimenté de nombreux apports de citoyens mais aussi d’architectes, urbanistes et spécialistes des transports que nous avons consultés pendant la campagne. C’est notre projet 1001 Vilaine, dans lequel la mairie trouvera des propositions pour végétaliser les espaces et améliorer les flux piétons et de transport en commun. Nous proposons de faire de République, une véritable place, un lieu de vie, agrémenté par des ombrières ou des halles légères et multi-usages permettant notamment d’accueillir des services : vente de billets de spectacles, une halle aux plantes, des bouquinistes ou des commerces forains. Nous avons mille et une idées pour aider la ville à valoriser cet espace et nous suivrons avec une vigilance toute particulière le déroulement de cette concertation que nous espérons fructueuse et surtout audacieuse. »
Un arrêt minute géant
Le son de cloche est toutefois légèrement différent dans l’opposition de droite. « Ce parking est tout simplement un arrêt minute géant pour les commerces autour bien évidement, mais aussi pour les professionnels et les professions libérales et médicales. Nous serons opposés à sa fermeture sans une solution alternative qui remplisse le même usage. Les attentes de concertation sont fortes de la part des professionnels, j’espère qu’ils seront écoutés et entendus car leur maintien dans le cœur de ville est un élément essentiel de l’attractivité et de l’animation de celui-ci. »
Un entre-soi démocratique
Mais l’opposition reste toutefois inquiète sur la méthodologie ! « La réalité de ces ateliers, c’est un taux de participation très faible », assume Sandrine Caroff-Urfer (En Marche). « Un déroulement qui fait la part belle à̀ la parole officielle, celle des élus et des partenaires de l’action publique, dont les interventions se succèdent dans une orchestration très descendante. Et parmi les citoyens présents, très peu qui s’expriment, et toujours un peu les mêmes. On a l’impression finalement d’un rendez-vous entre initiés, où l’objectif n’est pas tant de consulter, ni de concerter, encore moins de co-construire, et certainement pas de débattre, mais bien de justifier la politique déjà en œuvre. »