À Saint-Malo, le vent souffle aujourd’hui fort. La Manche, déchaînée, frappe le môle des Noires. Chaque vague se fracasse dans un tumulte de blancheur et de bonheur. Elle est parfumée de sel et de lumière. Sur la jetée, quelques silhouettes déambulent devant le spectacle, loin des préoccupations quotidiennes et professionnelles.
Devant elles, le ciel est percé de clartés fugitives et lumineuses. Il y a dans cette scène quelque chose de la grandeur romantique chère à François-René Chateaubriand, l’enfant du pays, qui voyait dans l’océan un miroir de l’âme humaine : tourmentée, libre, insaisissable. Il y a, ce soir, des images furtives qui ravissent le marcheur solitaire ou l’adolescent rêveur.
Saint-Malo, sous le vent d’ouest, devient un atelier de lumière brute pour photographes avertis. De Gustave Le Gray, qui capturait déjà les vagues au XIXᵉ siècle avec ses ciels d’orage, aux artistes contemporains, tous aiment l’océan la cité corsaire pour ces moments suspendus, ces instants bruts.
Cet après-midi encore, les rafales à 90 km/h ont sculpté des vagues hautes comme des murailles d’eau. La nuit ramènera ses éclaircies et laissera seul l’écrivain Chateaubriand face à l’infini, depuis sa tombe sur le rocher du Grand Bé. Saint-Malo est assurément très belle !


