Le voilà, Michel Barnier. Notre nouveau Premier ministre. Il y a quelques années encore, il dédicaçait des livres au Forum des Livres, à Rennes, devant une poignée de fidèles. Récemment, il tentait sa chance aux primaires des Républicains pour essuyer une cuisante défaite. Malgré ce revers, la droite unanime salue aujourd’hui sa nomination. « C’est un homme d’État et de dialogue », confie une élue du département. Et c’est vrai. On le sent capable. À 73 ans, ce politique est une tronche (clin d’œil à sa ville natale). Ancien ministre et commissaire européen, son parcours impressionne.
Ancien LR, il n’en fallait pas plus à la droite pour gentiment écarter Xavier Bertrand, le trop consensuel.
Loin d’être un homme du « bas », malgré ses attaches dans les alpages, Michel Barnier s’était rapproché d’Emmanuel Macron, qui l’a d’ailleurs soutenu lors des élections européennes en Belgique. Son fils travaille même pour Grégory Besson-Moreau, député de la Renaissance. Européen convaincu et probablement macroniste, il n’en fallait pas plus à Emmanuel Macron pour le choisir. Adepte d’une migration contrôlée, il permettait à Marine Le Pen de donner son blanc-seing. Mais jugé trop à droite par les socialistes et surtout les Insoumis, ce Savoyard fera sans doute face à des « montagnes » d’opposition au Parlement et dans la rue, dès ce samedi.
Dans les mois à venir, Michel Barnier saura-t-il résister à la pression d’une gauche prête à en découdre et à une médiatisation outrancière des doléances populaires ? Nombreux sont ceux qui croient en ses compétences, en ses talents de négociateur. Nombreux sont ceux qui placent leurs espoirs en cet homme d’expérience, loin des godelureaux de la République tant prisés par un président à la recherche de solutions.
Dans cette période d’inquiétude, alors que l’on impose des réformes contraignantes plutôt que de proposer du rêve, Michel Barnier devra jouer la carte sociale et humaine. Il devra écouter « ceux d’en bas », à défaut d’en être. Il lui faudra s’extraire de cette « financiarisation » de l’économie tant décriée par les intellectuels. Il ne pourra plus se permettre d’être à la botte du système financier, incarné par Emmanuel Macron, ancien banquier chez Rothschild. car raisonner « dette » fait souvent oublier le bien-être.
Laissons aujourd’hui à Michel Barnier l’opportunité de surfer sur l’effet olympique. Donnons-lui le temps de gouverner, même si nous aurions pu espérer un meilleur candidat républicain. De l’autre côté de l’échiquier politique, Bernard Cazeneuve, personnalité de gauche, séduisait pourtant les gens de droite. Homme d’une intelligence fine, mais peut-être trop fine pour les soutiers de la gauche, il aurait incarné un bon compromis entre autorité et justice sociale. Mais Jupiter a tranché.