Ce lundi 20 mars, la salle d’audience est remplie. Quatre prévenus sont poursuivis pour des violences lors de récentes manifestations contre la réforme des retraites. Mais ils seront uniquement deux à comparaître devant la justice. Leurs deux autres camarades ont demandé le renvoi de leurs affaires à une date ultérieure.
Âgée de 23 ans, les cheveux longs, vêtue d’un sweat à capuche et chaussée de Rangers, la jeune femme est ingénieure en CDI. Le 11 février dernier, elle est repérée sur le cours des Alliés, lors du défilé. Elle porte un masque de ski et une grenade dans la main. Identifiée comme ayant lancé des projectiles sur les policiers, elle est placée en garde à vue au commissariat où elle garde le silence.
Une amende de 1000 euros
À la barre, la jeune femme, défendue par Delphine Caro, reconnaît le port de lunettes pour se protéger contre les Flash-Balls. Mais elle nie être en possession d’une arme, ce jour-là. « Je ne vois pas comment j’ai pu être identifiée », estime-t-elle. « Des dizaines de personnes pouvaient correspondre à la description de l’individu faite par les policiers. Le cortège était calme.»
Mais la procureure de la République s’inscrit en faux. Elle met en avant la situation bien différente de celle dépeinte par la prévenue. « Lors de cette manifestation, des groupuscules d’extrême gauche étaient présents et déterminés. Si le début du rassemblement était tranquille, dès 15 h, une trentaine de membres d’entre eux sont remontés vers la tête de procession en chantant des slogans hostiles. À 16 h 56, un policier était touché par un cocktail Molotov. L’inculpée a été interpellée parmi un groupe identifié comme participant à des violences.»
Au regard des faits, la magistrate requiert par conséquent une peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et l’obligation d’un stage de citoyenneté à l’encontre du prévenu. » Après son délibéré, le tribunal a relaxé la jeune femme pour les brutalités sur les forces de l’ordre. Elle l’a condamné à la peine de 1000 € d’amende pour transport d’arme et à l’interdiction de porter une arme pendant 3 ans.
Relaxe pour manque de preuve
Le deuxième prévenu, âgé de 27 ans, est conducteur d’engins. il comparaît pour des violences à l’encontre des forces de l’ordre à l’aide de mobilier urbain, lors d’une manifestation non déclarée le 16 mars 2023. Interpellé place Sainte-Anne, à 18 h 15, il est soupçonné d’être en première ligne. Placé en garde à vue, il est porteur d’un marteau et un tract incitant à des actions brutales.
À l’audience, l’homme nie avoir jeté des projectiles à l’encontre des forces de l’ordre. « Le marteau est un outil de travail », ajoute-t-il. « J’ai accepté un prospectus dans la rue sans avoir pu le lire, avant de le ramasser dans mes affaires. » Face à lui, la procureure de la République requiert à l’encontre du prévenu une peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et l’obligation de suivre un stage de citoyenneté. Le tribunal a relaxé l’accusé pour cause de manque d’éléments suffisants.
Lors de cette audience, deux autres suspects ont obtenu le renvoi de leur affaire. Le premier, âgé de 20 ans, étudiant à la faculté de droit à Rennes 1, est accusé d’avoir commis des violences sur un fonctionnaire de police à l’aide d’une bouteille en verre. Il a été placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès définitif le 21 avril, à 15 h. Il a l’interdiction de se rendre à tout rassemblement sur la ville de Rennes.
Le deuxième homme, âgé de 30 ans, professeur, titulaire d’un master d’histoire, est soupçonné d’avoir subtilisé des vêtements dans le magasin K-way, pillé lors le 16 mars 2023. Il est placé sous contrôle judiciaire jusqu’à son procès le 3 avril 2023, à 15 h. Il ne doit pas participer à toute manifestation dans la ville de Rennes dans l’attente de son jugement. Ce mardi, d’autres individus sont convoqués devant le tribunal pour des méfaits semblables.