Menacées d’expulsion des Veyettes (ZI Sud-est), des familles de migrants ont préféré prendre les devants. Elles ont rejoint un nouveau squat au 221 avenue du Général Leclerc à Rennes dans l’ancien manoir dénommé de la Motte au Duc grâce à l’aide d’un collectif associatif (Un toit, c’est un droit, Groupe Logement du 14/10). Mais faute de place, seulement cinquante d’entre eux sont actuellement logés dont sept enfants. « Nous occupons ce lieu abandonné depuis de nombreuses années », explique Vincent, bénévole. « Ici, c’est quand même plus habitable qu’au square des Veyettes et Estrémadure. »
Anticipant une procédure d’expulsion des Veyettes prévue le 13 mars, le collectif a tenu à répondre aux supplications des familles en trouvant un autre lieu. « A l’intérieur, il y a moyen de vivre quelques mois », explique Carole Bohanne, membre du collectif. « Dans ce lieu magnifique, le manoir très grand (autrefois divisé en deux parties) est composé de dix-neuf pièces. Il bénéficie en outre d’un immense parc et de quelques dépendances. »
Pour l’instant, l’endroit est sans électricité. Mais les migrants disposent aujourd’hui de l’eau. Demain, des représentants du collectif rencontreront la mairie de Rennes, aujourd’hui propriétaire des lieux. Mais ils sont assez confiants. « Je ne vois pas la municipalité rennaise remettre à la rue des migrants en période électorale », confie l’une d’elle. « Elle va certainement nous proposer un bail précaire. » Un assemblée générale devait se tenir ce soir. Une centaine de personnes serait encore logée aux Veyettes.
Témoignage : « Lorsque je suis arrivé en France en 1970, de Yougoslavie avec un visa, j’habitais ce quartier », confie Dragan. « Je suis venu jouer dans ce manoir. Mon ami d’enfance François y habitait. J’y étais accueilli par sa maman pharmacienne de l’hôpital psychiatrique de Saint-Méen. Mon ami et moi-même jouions dans le grenier ou dans le parc qui bordait l’hôpital de la Motte au duc. C’était une autre époque. »