Au 20 rue Perrin de la Touche, l’ancienne salle Dance Gallery est en cours de démolition. Elle laisse apparaître les murs de l’ex-stand de tir de Coëtlogon de la caserne Mac-Mahon, là où se sont déroulées les dernières exécutions à mort à Rennes. « Dix militaires allemands y avaient été fusillés entre mars 1946 et au moins jusqu’en octobre 1947 », explique Christian Gentilleau, président de l’association Champs de justice et riverain.
Ces exécutions étaient loin d’être sommaires. Elles ont été décidées par un tribunal militaire permanent de Rennes à l’encontre de soldats de la Werhmacht coupables de crimes de guerre durant le deuxième conflit mondial. Parmi les condamnés, le colonel Rudolf Reese, commandant du 894e régiment d’infanterie allemande, ordonna de fusiller cinquante détenus d’une prison bretonne.
Sous ses ordres, à Penthièvre, le 13 juillet, de 10 h à midi, ces cinquante civils (rien à voir avec la résistance) sont abattus deux par deux, les mains ligotées. « Le 16 mai 1945, on retrouvera 52 cadavres, dans un boyau souterrain, long d’une trentaine de mètres, creusé par les Allemands. » Comme seule excuse de son attitude, le colonel Reese invoqua les instructions de son Führer « La lutte était devenue impossible en Bretagne. On m’avait informé qu’il s’agissait de terroristes et qu’ils devaient être liquidés. L’ordre d’Hitler était la seule loi que je devais observer. »
Jugé par le tribunal militaire spécial avec 5 autres criminels de guerre, Rudolf Reese fut condamné à mort le 9 mai 1947 et exécuté le 11 octobre 1947. Il le fut aux côtés de Gerhard Poerschler (voir le site suivant : https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article205079). Depuis, le stand de tir fut une serrurerie, un garage et une salle de danse (durant trente ans). En lieu et place de ce stand, le promoteur Launay construira deux pavillons en conservant une partie des murs. « Le conseil des quartiers prévoit de mettre une plaque en rappelant ce qui s’est passé dans ces lieux. » Voir la vidéo du procès.
Sources sur le colonel Reese : le livret « les voix de la prison » par les Champs de Justice.