« Notre relation avec les animaux est souvent ambivalente », explique Jean-Marie Goater, élu de la ville , lors du dernier conseil municipal. « Elle est passionnelle, émotionnelle, entre amour et détestation, répulsion et fascination. Nous aimons les écureuils, les hérissons, mais nous adorons beaucoup moins les loups, les ours et dans nos communes, les rats, les pigeons ou les ragondins, et parfois aussi les sangliers. »
20 000 chats et 16 000 chiens
À Rennes, comme ailleurs, le point de vue est souvent généralement anthropocentrique. « Nous considérons la ville comme le seul territoire des humains et essayons de contraindre la nature à notre mode de vie. Ces dernières années, notre regard a évolué. Nous ne voulons plus être responsables de la mort des êtres vivants. Nous nous interrogeons sur nos méthodes, sur nos pratiques et la valorisation de la biodiversité. »
Malheureusement, la ville connaît de la maltraitance animale. « Les abandons sont en constante progression depuis plusieurs années. En 2021, la SPA a accueilli 1204 animaux à Rennes. » Pour sauver la biodiversité animale de la capitale bretonne, l’agglomération a décidé d’édicter une charte sur la condition des animaux. « Nous voulons être dans une logique de cohabitation avec les espèces capables d’émotions, d’expression, de sentiments et de souffrance. »
Nous envisageons de passer de 850 hectares à 1000 hectares d’espaces d’ébattements pour chiens. » Jean-Marie Goater.
Loin des pratiques anciennes, la municipalité tient au bien-être des animaux. « Nous avons construit une feuille de route sous forme d’une charte, de guide et d’objectifs à atteindre. Notre document servira pour nous de référentiel, d’outil et d’évaluation. » À plus ou moins long terme, Rennes prévoit 28 engagements et 105 actions. Difficile d’énumérer toutes les mesures. Mais il n’est pas inutile d’en citer quelques-unes ! La municipalité envisage de créer un comité consultatif « animaux dans la ville », de lutter contre la maltraitance, d’installer des hébergements provisoires, d’imaginer un cimetière pour bêtes ou encore une pension canine. « Nous expérimenterons des réglementations dans les parcs et jardins qui seront modifiées selon les saisons », ajoute Jean-Marie Goater.
La ville veut être aussi novatrice. Elle désire rendre possible l’accès au métro pour les chiens tenus en laisse. « Cette action nouvelle sera effectuée en concertation avec Keolis et les services. Des recommandations seront faites fin 2023 début 2024. » Mais ce n’est pas tout. Jean-Marie Goater souhaite concentrer les périodes d’élagage et veiller à un équilibre entre abeille sauvage et d’élevage. « Nous avons aussi une proposition concernant la recherche d’animations alternatives aux feux d’artifices, notamment pour celui du 31 décembre qui, je le rappelle, n’a pas eu lieu depuis plusieurs années. »
Nous prévoyons l’interdiction de la pêche sur l’ensemble des étangs d’Apigné et de certaines méthodes mutilantes sur notre métropole » explique JeanMarie Goater.
D’ici quelques années, des réflexions seront menées sur la volière du Thabor, sur le parc des daims aux Gayeulles. « Ces différents sujets seront abordés au niveau du comité consultatif “animaux à Rennes” dans le cadre d’une démarche participative et collective. » En outre, la municipalité veut introduire des critères « bien-être » dans la commande de produits d’entretien ou pharmaceutique. « Cette charte n’est pas exhaustive. Mais nous espérons que notre approche rennaise inspirera aussi d’autres communes qui pourront se pencher sur cette question. »
À Rennes, l’opposition se félicite de la rédaction de ce document. « Nous ne pouvons que nous en réjouir, car à ce jour, Rennes n’est pas une ville amie des animaux. Il suffit de s’y promener pour que cela vous saute à la figure : très peu d’espaces verts ou de parcs sont accessibles au chien, même attaché. Nous avons encore moins d’endroits où le faire courir librement pour qu’il s’ébroue », indique Sandrine Caroff-Urfer (Révéler Rennes).
Aujourd’hui, l’élue regrette le peu de communication sur le ramassage des déjections canines, sur les campagnes de stérilisation des chats domestiques. « Rien n’est fait aussi pour informer sur les gestes permettant de maintenir la biodiversité des insectes et limaces, les oiseaux qui peuplent nos jardins. Face à ce vide, la charte pose bien sûr un cadre général. Mais on reste sur sa faim », ajoute Sandrine Caroff-Urfer. « Au-delà de la note d’intention, on aimerait savoir très concrètement : quel est l’agenda de mise en œuvre ? Quels seront les instruments de suivi ? Quelle garantie qu’on n’en demeurera pas aux vœux pieux ? »
Infos + : À l’heure actuelle, Rennes est peuplée de centaines de milliers d’espèces. « Parmi les animaux domestiques, on estime entre 15 000 et 20 000 chats et entre 12 000 et 16 000 chiens. De la même façon, nous avons des dizaines de milliers d’oiseaux et de nombreuses espèces qui partagent le même territoire que nous, êtres humains. L’entretien et l’accompagnement de nos amis les bêtes impliquent de nombreux aménagements, des soins et une réglementation. »