Ce mardi 3 juin, le tribunal judiciaire de Rennes a condamné le major de police en charge de la Compagnie d’intervention de Rennes à cinq mois de prison avec sursis. À 51 ans, l’officier comparaissait pour avoir commis des blessures sur deux manifestants lors d’une mobilisation contre la réforme des retraites en mars 2023.
Ce soir-là, les forces de l’ordre étaient chargées d’évacuer la rue d’Antrain, alors que le magasin Crazy Republic venait d’être pillé par des émeutiers. Le major, décoré de la médaille de la sécurité intérieure, menait l’opération. En première ligne, il aurait donné un coup de pied à un cycliste, puis frappé un contestataire à coups de tonfa. Ce dernier filmait la scène et lui reprochait l’absence de son RIO (numéro d’identification obligatoire).
À la barre, le 29 avril dernier, l’officier n’avait pas nié les faits. « Nous devions vider la rue. Ce n’était ni le lieu ni le moment pour discuter. L’homme ne voulait pas partir. J’ai utilisé la force pour le faire reculer », avait-il déclaré. « C’était une scène d’émeute comme je n’en avais pas vu depuis 2005 », avait ajouté à la barre le supérieur hiérarchique du prévenu. « Nous avancions sous des pluies de cailloux, d’objets divers, de pavés. »
Les deux plaignants avaient livré une version radicalement différente. Pour leur défenseur, Me Olivier Pacheu, le débat était clair. « Ce procès ne porte pas sur les troubles, mais sur l’usage disproportionné de la force par un officier de police. » De son côté, Me Thierry Fillion, avocat du major, avait dénoncé « une lecture partielle et idéologique des faits ». Il avait rappelé la violence ambiante de la soirée et les consignes précises données au prévenu : évacuer la rue. « Ce n’était pas une kermesse. Mon client n’a frappé ni à la tête, ni gratuitement », avait-il lancé, demandant la relaxe.
Le jour de l’audience, le parquet avait requis six mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. Finalement, le tribunal a retenu la culpabilité du major et prononcé une peine de cinq mois avec sursis. Ce dernier, qui pourrait faire appel, est resté impassible à l’énoncé du verdict. Cette affaire intervient dans un contexte particulièrement difficile pour le moral de la police. Le même jour, on apprenait que le policier mis en cause dans la mort de Nahel à Nanterre en 2023 sera jugé pour meurtre devant les assises.