Tout le monde n’a pas la chance d’assister aux JO de Paris 2024. Mais pour les plus privilégiés, l’expérience est inédite, extraordinaire, magique. « Je ne voulais pas rater un tel moment », convient Jean, lycéen rennais. « Mon père m’a offert une place avec mon amie dans le stade de France, ce mardi. » Partis tôt de Rennes (à 6 h 48) en train, tous trois sont arrivés en gare de Montparnasse, deux heures plus tard. « J’avais pris des tickets de métro (quatre euros l’unité) à Rennes, pour éviter la file d’attente à Paris », affirme le papa. Une fois descendus de leur TGV, ils empruntent bien vite la ligne 13 en direction de l’Olympe. « Nous avions peur d’être en retard. Dans la rame, il y avait des Hollandais, des Espagnols, des Américains, des Anglais, se mêlant aux usagers traditionnels. L’ambiance était plutôt sympa. En sortant, des agents de la RATP étaient présents pour indiquer le chemin avec de grandes mains roses. Impossible de se tromper. »
Au loin, le stade de France
Devant l’enceinte sportive, les policiers, tout sourire, contrôlent les sacs, palpent les spectateurs. Ils laissent passer les Rennais avec un tonitruant « bonne journée ». Après des escaliers montés quatre à quatre, le stadium apparaît au loin. Devant eux, les travées ne sont pas inconnues pour les Bretons. « C’est là où nous avions assisté à la victoire du Stade rennais contre le PSG en coupe de France », confie le père de famille. Après 100 mètres, 50 mètres, 25 mètres, la tribune Y est déjà ouverte. Et encore quelques marches, la voix du présentateur, Denis Brogniart, retentit dans l’enceinte. Il est 10 h ; le spectacle peut commencer.
Sans plus tarder, les deux jeunes sortent leurs téléphones. Ils immortalisent l’instant, avant de s’installer aux places numérotées 24, 26 et 28 au milieu des spectateurs et des drapeaux étrangers. Les yeux grands ouverts, ils observent les lanceurs de javelot, dont le Français Teuraiterai Tupaia soutenu par un stade en ébullition. Sous leur regard, une ancienne championne olympique tente d’être sélectionnée pour la finale du saut en longueur. Elle doit s’y prendre à trois reprises ! Mais pas le temps de féliciter les sauteuses (dont Hilary Kpatcha), des Français sont déjà en lice. Sur 200 m, Ryan Zézé, accompagné par les vivats, arrive premier des repêchages. Heureux, il entame un tour d’honneur sous les applaudissements. Juste avant, Raphaël Mohamed et Wilhem Belocian (frère de l’ex-joueur rennais, Jeanuël) font lever le stade, lors de leur qualification sur 110 m haies. « Je me suis surpris à crier des encouragements comme tous les spectateurs, à l’arrivée des Français », confie Jean.
C’est maintenant la course d’Agathe Guillemot (Haute Bretagne Athlétisme) ! En 3’59 »22, la Bretonne se qualifie elle-aussi pour la demi-finale. « Ces JO, c’est un vrai tourbillon. Les épreuves s’enchaînent comme dans un show. On n’a pas eu le temps de s’ennuyer, durant trois heures. Il se passe toujours quelque chose. On a vu des stars, des recordmen du monde et des journalistes comme Nelson Montfort. Pour moi, le moment le plus magique, c’était d’entendre le starter et de regarder les arrivées. »
En quittant le stade, les trois Bretons prennent encore quelques photos, respirent une grande bouffée d’ambiance. Au loin, les avions repassent dans le ciel. Il est temps de repartir vers la vasque de la flamme (aux Tuileries), vers la Tour Eiffel (ornée des cinq anneaux olympiques) et le Trocadéro. « En une seule journée, on a touché du doigt le rêve olympique. En une journée, on s’est baignés dans une atmosphère internationale. C’était magique ! » Dans le train du retour, les mines étaient fatiguées, les paupières lourdes. Mais sur le chemin de la Bretagne, ils étaient plus que ravis. L’essentiel est de participer.
