Faut-il instaurer le 112 comme numéro unique pour appeler la Samu, les pompiers ou la police ? La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) a marqué son engagement en faveur de la proposition de Loi dite Matras. Mais chez le professeur Louis Soulat, vice-président de Samu-urgences de France et patron des urgences de Rennes, le son de cloche est bien différent. Il milite en faveur du maintien d’un numéro pour les urgentistes. « Il est important d’orienter le patient vers le parcours de soins adaptés qui correspond mieux à sa demande. Ce filtre médical indispensable existe en France depuis cinquante ans. Il est effectué par les Samu et s’appelle la régulation médicale. »
Avec l’instauration d’un numéro unique, Louis Soulat craint « un embouteillage » pour identifier les problèmes urgents ou pas. « On doit laisser à la santé le soin de gérer les problèmes de santé, » ajoute-t-il. « Les informations confidentielles des patients doivent être traitées par des médecins et non par des personnels qui dépendent du ministère de l’intérieur ! » En bon militant de la cause urgentiste, Louis Soulat veut croire à la séparation des secours et des soins. « Je ne cherche pas à envenimer les choses. Mais la régulation médicale peut éviter de mobiliser des moyens pour transporter une personne souffrant d’une entorse de cheville ! Le patient pourra aller ailleurs qu’à l’hôpital sans mobiliser l’ambulance avec trois pompiers. »
Entre les services de secours, la culture est différente. Encore une fois, on ne peut pas demander la même chose à un pompier, à un urgentiste et un policier. »
Après la panne téléphonique de tous les numéros d’urgence, l’instauration du 112 fait craindre le pire aux urgentistes. « Avec un numéro unique, le dysfonctionnement aurait été catastrophique. A l’inverse, notre dispositif actuel nous a permis de basculer vers une autre plate-forme téléphonique sécurisé. » A Clermont-Ferrand, il y a peu, une expérience de numéro unique a tourné au fiasco. « Une plate-forme pour tous les appels 15 et 18 était assurée par un front d’office commun mais la séparation s’est faite naturellement au fil du temps. Il n’est pas possible de mélanger des flux de santé avec des flux d’appels de secours. » Les urgentistes ont signé une pétition publiée récemment dans le Journal du Dimanche. https://www.lejdd.fr/Societe/tribune-le-samu-et-199-signataires-urgences-sante-un-numero-dappel-vital-4046752
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