La rénovation de l’usine d’incinération des déchets de Villejean, au nord de Rennes, semble se transformer en véritable saga. Après plusieurs rebondissements, le chantier, initialement prévu pour avancer sans encombre, rencontre des retards, des litiges contractuels, et une réorganisation majeure des acteurs.
En mars 2023, Rennes Métropole avait fait le choix de stopper les travaux sur les chaudières, en raison de sérieux doutes sur leur conformité avec la réglementation européenne en vigueur. Les chaudières, fabriquées par la société italienne Ruths, étaient au centre des préoccupations. Après une longue bataille d’experts, Rennes Métropole avait finalement décidé en juillet 2024 de confier la reprise des travaux à une entreprise française, Est Industries Sentis, pour mettre les installations en conformité avec les normes européennes.
Si Est Industries Sentis est en charge des chaudières, la société italienne Ruths devait encore intervenir pour des travaux de finition et d’autres prestations annexes. Or, selon Rennes Métropole dans un communiqué publié ce jour, Ruths a refusé d’honorer ses engagements, malgré les multiples « demandes » et une « mise en demeure adressée en décembre 2024 ». La collectivité a donc décidé de résilier partiellement le contrat initial (limitant cette résiliation au périmètre de Ruths).
Un nouveau cadre contractuel est en cours de finalisation avec les autres entreprises impliquées dans le chantier. Il redéfinira les responsabilités et réattribuera les tâches non réalisées par Ruths. Legendre devrait devenir le mandataire du groupement. En parallèle, le remplacement de Ruths par Est Industries Sentis suppose également un changement d’organisme notifié pour la certification des chaudières. Jusqu’à présent, cette certification était confiée aux Italiens INAIL, sous l’égide de Ruths. Désormais, un nouvel organisme sera désigné par Est Industries Sentis pour assurer la conformité des installations.
Malgré tout, les essais et la mise en service progressive de l’usine sont prévus pour le second semestre 2025. La valorisation des premières tonnes de déchets pourrait commencer dès début 2026. Cependant, ces prévisions dépendent de la capacité des nouveaux acteurs à maintenir ce rythme malgré les obstacles accumulés.
Si Rennes Métropole veut reprendre la main sur le chantier, les tensions avec Ruths se poursuivent sur le terrain judiciaire. La société italienne conteste la légalité du marché de substitution attribué à Est Industries Sentis, arguant d’un non-respect des règles contractuelles. Toutefois, un premier jugement rendu par le tribunal administratif de Rennes, le 14 octobre 2024, a donné raison à Rennes Métropole. Ce n’est qu’un début, car Ruths ne semble pas désirer en rester là. Une bataille juridique de longue haleine se profile à l’horizon, tout comme les défis techniques et organisationnels liés à la reprise du chantier.