À Rennes, ce lundi 25 novembre, à l’appel des syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA), une cinquantaine d’agriculteurs ont manifesté devant la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Ils voulaient alerter sur la prolifération massive des sangliers et les dégâts catastrophiques qu’ils causent sur les exploitations agricoles. Accompagnés de trois tracteurs, ils ont déposé plusieurs bêtes mortes ainsi que des tonnes de maïs ravagés par le gros gibier.
Depuis dix ans, le nombre de sangliers a explosé en Ille-et-Vilaine. Leurs prélèvements sont passés de 1 500 en 2010 à plus de 6 000 cette année, mais cela reste loin d’être suffisant. Selon Florian Denais, responsable chasse des JA, il faudrait 10 000 abattages par an pour espérer une régulation efficace. En attendant, les agriculteurs subissent de plein fouet cette pression animalière. Certains ont dû même ressemer leurs champs jusqu’à trois fois cette année, avec des pertes pouvant atteindre 8 000 euros par exploitation. « La tension est énorme et les enjeux sur les fermes peuvent s’avérer dramatiques. Les dégâts sont d’ores et déjà considérables, et ce dans l’ensemble du département », confient Yves Rolland (FDSEA) et Florian Denais (JA 35).
En 2023, au total, 277 hectares détruits ont été déclarés.
Face à cette situation, les syndicats agricoles demandent le classement du sanglier comme nuisible. « Ce qui permettrait de le chasser toute l’année sans restriction ni frais supplémentaires liés aux bracelets de chasse, aujourd’hui facturés 40 euros », conviennent dans un communiqué Yves Rolland (FDSEA) et Florian Denais (JA 35). Mais ce n’est pas tout ! Ils réclament la hausse des prélèvements, la commercialisation de répulsifs efficaces, les tirs de nuit, l’estimation des dégâts par drone, l’entretien de clôtures pérennes…
La Fédération des chasseurs d’Ille-et-Vilaine a déjà déboursé plus de 500 000 euros cette année pour dédommager les ravages provoqués par le gibier, dont 86 % sont imputables aux sangliers. Mais pour les agriculteurs, cela ne suffit pas. Ils pointent du doigt la lenteur et la complexité des démarches d’indemnisation, qui freinent les déclarations et la prise en charge des préjudices. Une réunion avec les chasseurs est prévue, mais les paysans se disent prêts à poursuivre leur mobilisation si aucune réponse concrète n’est apportée rapidement. Pour eux, le temps presse, et il en va de la survie économique de nombreuses exploitations agricoles.
