Jeudi 15 février, Milan ! Vers 16 h, à l’occasion du match de Ligue Europa entre AC Milan et Rennes, les Rennais sont des milliers à rejoindre la place Sempione. Ils arrivent par grappes. Ils boivent jusqu’à plus soif leur bonheur et chantent à tue-tête leur chanson « galette-saucisse, je t’aime » ! En face d’eux, les Carbinieris, interloqués, observent sans broncher la Bretagne déferlant dans la ville de la Scala. Mais les ritournelles n’ont rien à voir avec celles de la diva, la Callas. On est dans l’ivresse en rouge et noir.
Enfin, vers 16 h 30, le cortège s’ébranle au rythme des tambours sous les yeux des journalistes aux anges. Il est composé de jeunes et moins jeunes, revêtus de maillots au nom de Bourigeaud, de Terrier et des autres. Dans la Via Mario Pagano, menant au métro, un vieil Italien se met à la fenêtre. En contrebas, les ultras chantent « pépé, rejoins-nous ! ». Dans la rue, les visages sont radieux. Dans ce défilé bruyant et joyeux, c’est Rennes qui envahit l’Italie dans une marée incandescente de fumigènes. Parfois, des jeunes montent le long des façades pour coller des « stickers ». Soudain, un jeune grimpe à un arbre et tombe à la renverse. Heureusement, sans mal ! « Il est vivant, il est vivant », crient ses amis.
À un balcon, un jeune brandit lui un drapeau du Roazhon, sous les vivats. Il voit partir la foule vers le métro. Dans les rames, c’est encore la déferlante rennaise qui sourit au bonheur d’être simplement là. Dans les rames, les Italiens incrédules filment un Obélix, drapé de rouge et noir. Éberlués, ils regardent passer le Kop qui, en sortant des entrailles milanaises, craquent des fusées de détresse. Une heure de marche attend les supporters. Mais qu’importe, les chants accompagnent le défilé vers San Siro, illuminé de mille feux. Dans le stade, les chansons redoublent dans la nuit. On entend au loin : « Un jour, il y a longtemps ! J’étais fou de toi. » Malheureusement, les fans n’ont pas été récompensés de leur soutien. Leur équipe a perdu sur le score de 3 à 0.
