Ce 1er novembre 2023, vers 17 h, il pluviote sur Rennes. Entre chien et loup (comme le dit l’expression familière et météorologique), une femme transporte les derniers sacs des migrants du parc de Maurepas dans le gymnase des Gantelles. « Durant toute la journée, explique Armelle de l’association Utopia 56, de nombreux bénévoles ont effectué le déménagement. Il y a eu beaucoup de solidarité. » À 18 h, près d’une centaine de personnes (Albanais, Géorgiens, Africains) dont une trentaine d’enfants étaient à l’abri. Ils vont passer la nuit au chaud, lors de la tempête Ciaran.
La décision de loger les migrants dans les Gantelles vient de madame la maire », indique Lucile Koch-Schlund.
Dans la grande salle chauffée, les exilés ont posé leurs affaires, leurs sacs, leurs jouets. Leurs progénitures s’amusent sous les panneaux de basket. Leurs parents sont déjà allongés sur des matelas de fortune. D’autres papotent avec les représentants des associations, sous l’œil des policiers municipaux. « Pour l’instant, on ne sait pas trop comment la situation évoluera dans les prochains jours », confie Lucile Koch-Schlund, adjointe au maire de permanence. « Mais notre objectif n’est pas de laisser ouvert un autre gymnase (comme ce fut le cas à la Poterie), où les gestions sont très compliquées pour la municipalité ou les associations. »
« C’est une initiative de la ville de Rennes pour répondre à une urgence climatique », ajoute l’élue. « C’est de notre responsabilité de mettre à l’abri des personnes. En revanche, nous n’avons pas reçu de soutien de l’État. Monsieur Gérald Darmanin a bel et ben envoyé des pompiers, des hélicoptères dans tout l’Ouest de la France pour la tempête. Mais il y a aussi des gens qui ont besoin de passer la nuit au chaud. »
On a consolidé les tentes du parc de Maurepas ! Mais on ne sait pas dans quel état on va les retrouver. »
Face à la situation, les associations attendent bien plus pour les migrants. « La gestion est pour l’heure au fil de l’eau. Ce soir, les sans-abris ont du chauffage, de l’eau et de l’électricité », confie Armelle. « Mais nous sommes très inquiets pour les jours suivants. Le retour au parc de Maurepas serait dès demain en revanche une catastrophe. Personne ne sait comment leur campement va affronter la nuit de la tempête. Beaucoup ont peur de ne pas retrouver leurs affaires. »
Devant le « provisoire », les associations tiennent à rappeler aux autorités l’urgence ! « Nous sommes en novembre. Il pleut. Il fait froid », précise Armelle. « Seule la ville a réagi ces derniers jours », indique une autre militante. « Le préfet est là depuis trois mois. Nous n’avons pas toujours de contact avec lui. Il envoie des alertes aux populations. Mais les migrants, personne ne s’en occupe. » D’autres familles pourraient rejoindre le gymnase des Gantelles.
