L’histoire était méconnue. Elle ressurgit des méandres du passé grâce à Sorj Chalandon, journaliste au Canard enchaîné et romancier chez Grasset. Non sans un certain talent, l’écrivain s’en va à la découverte de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Il retourne au siècle dernier où des gamins étaient placés au mitard, où les mouchards étaient mal vus et les curés avaient la main baladeuse.
Avec son propre style à la Boudard (à relire absolument), il écrit un triste univers où la malbouffe, les dortoirs sales, les punitions injustes sont le quotidien d’adolescents. « Béret à la main, tête baissée, vers le réfectoire pour le dîner. Pas un souffle, pas un mot, des animaux en route pour la mangeoire », écrit Sorj Chalandon. Mais dans cette Alcatraz pour mineurs, il livre une lueur d’espoir, une pétale de rôle dans un monde de brutes.
Ce 27 août 1934, cinquante-six enfants s’échappent par grappes de l’enfer. Ils filent droit vers la liberté. Beaucoup sont rattrapés, châtiés, embastillés à nouveau. Mais à l’aube, un évadé, la Teigne, manque à l’appel… Sorj Chalandon s’en va sur ses traces. Il conte l’histoire du gamin et de ses rencontres. Il évoque ce pêcheur breton, cette infirmière, ce communiste, ce garde champêtre mayennais…
L’écrivain raconte les braves gens de France que croise Julien Bonneau, fusillé le 14 décembre 1942, à Saint-Jacques-de-La Lande, au lieu-dit La Maltière, à l’âge de 28 ans. Rien que pour cette dernière raison, il faut lire cet ouvrage de Sorj Chalandon. L’Enragé, Grasset, Sorj Chalandon, au prix de 22 , 50 euros dans toutes les bonnes librairies rennaises.
