Ce vendredi, dans le quartier de Villejean, une opération d’envergure a mobilisé près de 70 fonctionnaires de la police nationale. Cette démonstration de force accompagnait la présentation officielle du Plan d’Action départementale pour la Restauration de la Sécurité du quotidien (PADRSQ) par Amaury de Saint-Quentin, préfet d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne.
Une approche ciblée et territoriale
Face à l’augmentation de la délinquance et du sentiment d’insécurité, ce schéma vise à instaurer une réponse plus ciblée, ancrée dans les réalités locales. « Ce que je vous présente aujourd’hui, c’est un plan départemental, qui concerne l’ensemble de l’Ille-et-Vilaine », explique le préfet. « Les problématiques, hélas, ne sont pas un phénomène exclusivement rennais. On peut en trouver également sur Saint-Malo, sur Fougères, sur Vitré, sur Redon, y compris en zone rurale. »
Contrairement aux dispositifs appliqués uniformément à l’échelle nationale, ce plan s’appuie sur les spécificités locales. « Il s’agit à partir d’analyses, de diagnostics qui ont été faits territoire par territoire, de bien comprendre les particularités de dal élinquance. On n’est pas sur un plan national qui se décline de manière identique partout. Chaque territoire a travaillé sur ses propres caractéristiques. »
En Ille-et-Vilaine, la stratégie repose sur trois priorités majeures : la lutte contre le trafic de stupéfiants, contre les cambriolages et la sécurisation des routes. « Dans ces trois domaines, qui sont très différents les uns des autres, les actions doivent être ciblées. » La mortalité routière est ainsi en nette progression. Avec 620 accidents corporels recensés, le département enregistre 769 blessés et 50 décès, soit 16 % de plus qu’en 2023, avec huit disparitions supplémentaires. Les victimes sont majoritairement des usagers vulnérables, notamment des piétons, des cyclistes et des motocyclistes.
Les cambriolages sont également en hausse en Ille-et-Vilaine. Le nombre d’effractions en 2024 a augmenté de 5,73 % sur l’ensemble du département. La situation est encore plus préoccupante en zone gendarmerie, où la progression atteint 12,4 %, avec une concentration des délits dans les aires rurales et périurbaines. Dans les campagnes, les cambriolages sont de plus en plus souvent le fait de réseaux criminels organisés, en provenance d’Europe de l’Est. Ces groupes procèdent à des repérages minutieux avant de frapper rapidement, avec des techniques qui rendent leur identification et leur arrestation complexes.
En Ille-et-Vilaine, le trafic de drogue continue de structurer une partie de la criminalité. Le département compte aujourd’hui 42 points de deal, dont 38 à Rennes, signe d’un marché bien implanté. Depuis 2019, les infractions liées aux stupéfiants ont bondi de 72 %, confirmant l’ancrage durable du phénomène. Cette économie souterraine alimente une violence inquiétante. En 2024, cinq homicides ont été recensés, tandis que 27 fusillades et 70 agressions à l’arme blanche ont été enregistrées, souvent en lien direct avec des rivalités entre trafiquants.
Si ce plan marque un tournant dans la stratégie locale de sécurité, la question des moyens demeure centrale. « Bien sûr, nous aurons probablement besoin de solliciter quelques renforts pour pouvoir mener un certain nombre d’opérations, soit ponctuellement, soit dans la durée », reconnaît Amaury de Saint-Quentin. Cette nouvelle approche reposera sur un suivi constant des résultats afin d’ajuster les méthodes en fonction des réalités du terrain. « Tous les acteurs travaillent ensemble, se coordonnent, et mettent la pression sur les délinquants. On change de de paradigme. Et ça, c’est essentiel. »
