Dans la rue du chapitre, en plein cœur du centre de Rennes, une maison à pans de bois était délaissée depuis plusieurs années, au grand dam des riverains. Longtemps abandonnée, l’ancienne Auberge du Chapitre, inscrite aux monuments historiques, va faire l’objet d’un ambitieux projet de réhabilitation.
Ce bâtiment-là, on le remarquait. C’était une vraie verrue dans cette rue si belle », confie un voisin.
Dirigé par l’architecte Céline Roche, l’atelier Roche-Morelle est chargé par des investisseurs rennais de l’étude de conception, première pierre d’un chantier qui devrait s’étendre sur deux ans. Si la maison est connue pour ses structures du XVe siècle, les recherches ont révélé des éléments encore plus anciens. « J’évoque une demeure du 15e pour faire court, mais il y a une partie du 14e », précise Céline Roche.
À travers les siècles, les différentes campagnes de travaux successives racontent l’histoire de cet édifice emblématique. Elles portent les marques des usages, des remaniements, des époques. Aujourd’hui, cette mémoire architecturale est au cœur du projet. Elle détermine les éléments d’origine, rajoutés ou modifiés. Mais l’ambition du programme ne se résumera sans doute pas à une rénovation esthétique.
Les nouveaux propriétaires restaureront le lieu dans les règles de l’art, en respectant les matériaux et les techniques d’origine. « Ce qui est spectaculaire pour nous, les architectes, ce n’est pas la couleur qu’on va adopter, mais comment nous faisons pour que cette demeure continue à tenir et à vivre dans le temps. » Une large partie du projet pourra consister à renforcer ou remplacer les structures bois existantes, sous l’égide d’un bureau d’études.
Et pour les bois ? « Du chêne français », bien sûr, robuste et fidèle aux traditions.
Côté façade, les choix ne seront pas faits à l’aveugle. En grattant la corniche du premier étage, les couches successives de peinture ont depuis révélé des teintes d’époque, que l’équipe s’efforcera de reconstituer au plus près. « Ce sont des coloris approchants, parce que certains de nos pigments ne se faisaient pas au XVe siècle. » Pour l’heure, le programme prévoit la création de trois logements, un par étage, et un commerce en rez-de-chaussée, le tout, en conformité avec les contraintes de sécurité et de circulation (notamment les issues de secours).
Grâce au changement de destination désormais obtenu avec l’aval des bâtiments de France, le projet peut aller plus loin : une demande de permis de construire pour les travaux sera déposée dans les prochaines semaines. « Ce serait trop bête de ne pas respecter l’esprit d’un immeuble du XVe. Quand tu arrives avec ton regard du XXIe siècle, tu te dois d’être à la hauteur », indique Céline Roche.
