Depuis quelques jours, la ville de Rennes et Rennes Métropole sont confrontées à une usurpation d’identité. Un faux site internet se faisant passer pour un média officiel des deux collectivités appelle à la solidarité envers les étudiants, comme l’explique Rennes Métropole dans un communiqué. « De trompeurs courriers, aux couleurs de la ville et de la Métropole, circulent également. Nous alertons le grand public face à cette manipulation frauduleuse. Une plainte va être déposée. »
Une action artistique et politique
Des courriers distribués à de nombreux Rennais proposent d’étendre un dispositif d’accueil des étudiants rennais expérimenté l’an dernier. Pour ce faire, les « faux profils » sollicitent la solidarité des citoyens afin de mettre une partie de leur jardin ou de leur garage à disposition des jeunes (avec photos à l’appui). « Ces derniers pourront ainsi y séjourner dans leur tente ou dans leur véhicule, en attendant une solution pérenne. Chaque foyer participant au projet pourra prétendre à un dégrèvement de 15 % sur sa taxe foncière pour l’année 2024-2025 », promettent les usurpateurs.
Ceux-ci demandent de découvrir en détail cette initiative solidaire et à contribuer à l’enquête publique en consultant un site dédié. « Rennes est la 2e plus grande ville étudiante de France », expliquent-ils. « Près de 5 000 étudiants supplémentaires sont attendus d’ici 2030. » Le courrier envoyé à tous les Rennais est signé par un certain David Traverser, adjoint au maire, et Iris Bochonnet, adjointe, déléguée à la jeunesse. Sauf que les vrais élus se nomment David Travers et Iris Bouchonnet.
Renseignements pris, la « manipulation frauduleuse » serait en réalité une action artistique et politique. « Elle vise à faire pression sur les promesses de la ville en faveur des logements locatifs pour les étudiants,. Elle veut impliquer les citoyens rennais sur le sujet », expliquent les usurpateurs dans un message adressé à notre rédaction. « À l’heure où les jeunes cherchent des solutions d’hébergement pour la prochaine rentrée universitaire, nous souhaitons rappeler la précarité croissante. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où les propriétaires spéculent sur le dos des étudiants grâce à l’attractivité rennaise, alors que c’est aux jeunes que la ville doit sa vitalité culturelle et son dynamisme social. »
Les « activistes » dénoncent la « hausse permanente des loyers », qui impacte gravement le pouvoir d’achat des étudiants. « Notre démarche cherche à ouvrir le débat dans une société peu soucieuse des générations futures. La ville de Rennes est volontaire et présente sur ces sujets. Cependant, au-delà de l’expression sincère de ces problématiques, les étudiants attendent des solutions immédiates. » Bien que les « activistes » se montrent plutôt indulgents envers la municipalité, cette action leur évitera-t-elle la plainte annoncée ?
